« Le cocktail reste le même, le scénario aussi. L'effet ne peut être différent», a averti ce week-end, Konan Kouadio Siméon dit KKS, probable candidat à l’élection présidentielle de 2020.
Prétendant malheureux au fauteuil présidentiel en 2010, puis en 2015, c’est en homme averti qu’il alerte l’opinion sur le danger que peut renfermer une élection présidentielle organisée par une commission électorale qui divise déjà. « Cette CEI n'est ni indépendante, ni impartiale. Il n'y aura pas d'élections avec elle », estime KKS.
Ainsi emboite-t-il le pas à l’ancien président de l’Assemblée nationale, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2020.
Guillaume Soro, vous le savez, tire la sonnette d’alarme sur cette question depuis quelques semaines.
D’ailleurs, il a encore pris à témoin la communauté internationale lors d’une intervention particulièrement suivie vendredi dernier par les membres de l’Institut royal des affaires internationales, la célèbre Chatham House de Londres. « La démocratie est en danger en Côte d’Ivoire. Il y’a un story-telling répandu par le régime de M. Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, selon lequel notre pays se porterait comme un charme. C’est tout simplement un fake !Oui, mon pays, la Côte d’Ivoire risque à nouveau de brûler parce que le Président Ouattara, au mépris de l’histoire institutionnelle de notre nation, a décidé de s’octroyer le contrôle absolu de la Commission Electorale, dans laquelle il a essentiellement et unilatéralement nommé des membres et des obligés de son parti et de son régime ! Faisant fi d’une condamnation de la Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples en date du 18 novembre 2016, le régime Ouattara fonce en effet tête baissée vers une énorme mascarade électorale en 2020, en piétinant les principes d’équité, de transparence, de confiance et de compétence qui doivent présider à toute organisation électorale dans nos jeunes démocraties… », a déploré le président de Générations et peuples solidaires (GPS).
Qu’elles viennent de Guillaume Soro, de KKS ou de tout autre citoyen ivoirien, ces alertes devraient être perçues comme une pyromanie ?
Ne sommes-nous pas tous témoins de l’état des lieux explosif qu’elles décrivent ? Que peut-on attendre d’une élection qui suscite déjà tant de passions si elle était organisée par une commission rejetée par une partie des candidats, alors que dans le passé, une guerre postélectorale et des milliers de morts n’ont pu être évités avec une CEI au départ consensuelle ? Le pouvoir Rhdp prétend que la CEI actuelle est démocratique. A chacune de ses sorties, le chef de l’Etat affirme que les élections se dérouleront bien. « Il n’y aura rien », répète-t-il.Ces assurances garantissent-elles des élections apaisées en octobre 2020 ? Les violences meurtrières des dernières élections locales ne montrent-elles pas un avant-goût du climat qui pourrait prévaloir en 2020 s’il ne l’est déjà ? Ces affrontements électoraux survenus sous le régime Ouattara ne démontrent-elles pas que la parole du Président n’est pas un gage et qu’il faille créer effectivement d’un scrutin pacifique ? En vérité, il vaut mieux prévenir, que laisser s’allumer un nouveau feu qui va encore brûler le pays. C’est ce que font Guillaume Soro et bien d’autres. Et on ne peut pour cela leur reprocher de ne pas aimer la Côte d’Ivoire. Bien au contraire.
Cissé Sindou