La Côte d'Ivoire fait face à des coupures régulières d'électricité depuis quelques semaines. D'Abidjan aux villes de l’intérieur du pays, l'interruption de la fourniture du courant est devenue monnaie courante. Au point où de nombreuses personnes avaient fini par conclure qu'il s'agissait d'un délestage ou d'un rationnement tant dormir dans le noir ou passer toute la journée sans électricité est devenu habituel.
Pendant que ces spéculations allaient bon train, la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE), à la suite de l'une des nombreuses coupures d'électricité, a fait une sortie, lundi 27 février 2023, pour informer d'un «incident technique sur le réseau haute tension alimentant des communes d’Abidjan et des villes de l’intérieur du pays ». Dans la suite du communiqué produit, on peut lire : «En effet, un navire de passage le long du canal a endommagé des conducteurs haute tension surplombant ledit canal».
Quatre incendies en un mois
Quelques jours plus tard, un autre incident est survenu sur le site du poste 225 KV de la CIE, situé à Vridi, dans la commune de Port-Bouët, lundi 6 mars 2023. Cette nuit-là, l'un des transformateurs de ce site stratégique a explosé, causant ainsi un incendie. Le lendemain mardi 7 mars 2023, le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, s'y est rendu pour constater l'ampleur des dégâts. Et là, grosse révélation. Le poste a connu quatre incendies en un mois. Dès lors, se pose une grosse interrogation : comment un site aussi stratégique dans la fourniture d'électricité peut connaître autant d'incendies en un temps aussi court ?
En de telles circonstances, de ce qui ressort de nos investigations, plusieurs pistes peuvent être explorées. Parmi elles, l’état des installations et les ressources humaines.
Une source dans le secteur nous a rassuré : « Au niveau des installations, il n'y a pas de craintes. L'État a beaucoup investi ces dernières années pour doter le pays de plusieurs sources d'énergie. On ne peut donc pas parler aujourd'hui de surcharge ou de vétusté des installations». En plus de cela, nous informe notre interlocuteur, la majeure partie du matériel est neuf.
Avec ces propos rassurants, restent donc les ressources humaines. Sont-elles qualifiées pour faire fonctionner et entretenir le matériel ? À cette préoccupation, notre interlocuteur répond : «On ne peut quand même pas dire que la CIE ne dispose pas d’une main d’œuvre qualifiée. Elle a tout de même un centre de formation aux métiers de l’électricité. Des apprenants viennent d’ailleurs d’autres pays. Je ne pense que ce soit à ce niveau. À moins que ça ne soit de la négligence ou une erreur humaine ». Peut-on vraisemblablement mettre ces coupures sur le compte de la négligence ou de l’erreur humaine ? Cela est plausible.
Une erreur humaine ?
En effet, dans notre quête de la vérité, un technicien nous a confié que l’affaire ne peut être ébruitée. Mais, selon lui, en réalité, il s’agit d’une erreur humaine. Pas que les agents commis au fonctionnement du transformateur de Vridi n’avaient pas les capacités requises pour faire fonctionner le poste, mais ils ont péché, nous informe-t-on, dans leur capacité à réagir face au dysfonctionnement constaté le lundi 6 mars 2023 et qui s’est transformé en un incendie.
Mais là encore, il y a un hic. Lors de sa visite, mardi 7 mars 2023, le ministre a révélé qu’on était au 4ème incendie. Serait-il possible qu’à quatre reprises, les techniciens se soient trompés ? Difficile de répondre à cette question. Une chose est sure, il y a problème.
La CIE a annoncé quelques jours après l’incident au poste de Vridi, que des travaux avaient été effectués avec célérité. «A la suite de l’incident survenu le 7 mars au poste de Vridi, des travaux de sécurisation ont été réalisés sur le réseau haute tension d’Abidjan. À ce jour, les opérations menées au niveau du poste de Vridi ont été finalisées. Les travaux ont porté sur la réparation des ouvrages endommagés et le remplacement des équipements fortement impactés par l’incendie. La CIE tient à porter à l’information de sa clientèle que la fourniture d’électricité a été entièrement rétablie dans les zones concernées par les perturbations… », a annoncé, vendredi 10 mars 2023, cette entreprise de production et de distribution d’électricité.
Logiquement, tout devrait être entré dans l’ordre. Mais, en fin de semaine dernière, les populations ont été confrontées encore à des coupures d’électricité. La preuve que le problème demeure. Selon l’une de nos sources à l'intérieur de la société, le ministère qui l’a si bien compris, a demandé à ce que des recherches approfondies soient faites. C’est ce qui serait en train d’être fait.
Mais, en réalité, les résultats seraient déjà connus. Les mesures et sanctions sont en train d'être prises. Espérons juste que les Ivoiriens seront désormais épargnés de ces incidents techniques qui, tout bien pesé, peuvent être évités. Même si l'on est conscient que le risque zéro coupure n'existe pas.
Modeste KONÉ