Est ce la fin du tandem Sonko-Faye?
Depuis quelques jours, la presse sénégalaise bruisse d’informations, laissant entendre que des divergences profondes auraient éclaté au sommet de l’exécutif. Ces désaccords, qualifiés d’« importants » par certaines sources, auraient même poussé Ousmane Sonko à envisager de rendre le tablier. Mais dans une déclaration ferme, le chef du gouvernement a coupé court aux spéculations : « Le Sénégal n’a aucun problème, à part un problème d’autorité. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Qu’on me laisse gouverner et on verra. »
Ce propos trahit autant une volonté d’affirmer son leadership qu’une mise en garde face à ce qu’il perçoit comme une résistance à l’exercice plein de ses fonctions. Sonko est clair : il n’est pas là pour jouer un rôle symbolique, et toute mise à l’écart ne peut passer que par un acte officiel du Président Faye.
Dans cette ambiance tendue, certains observateurs et figures politiques ont tenté d’établir un parallèle avec la crise institutionnelle de 1962 entre Mamadou Dia et feu le président Léopold Sédar Senghor. À l’époque, cette rupture avait conduit à l’arrestation de Dia, victime d’un coup de force orchestré en partie sous influence française.
Mais pour le sociologue et militant de gauche Mamadou Wane Mao, la comparaison est sans fondement : « Il n’y a pas d’analogie entre ce qui se passe aujourd’hui et ce qui s’est passé en 1962. Les contextes sont différents. Senghor n’avait pas été élu au suffrage universel. Aujourd’hui, Diomaye l’a été, et je ne crois pas qu’il se laissera manipuler par une puissance étrangère, surtout pas par la France».
Derrière cette posture d’analyse, se dessine une constante : la méfiance de plus en plus forte d’une partie de la classe dirigeante envers l’influence occidentale, en particulier française, dans les affaires internes africaines.
Alors crise ou simple ajustement politique ? À ce stade, le tandem Diomaye–Sonko tient encore, malgré les frictions. Mais la stabilité du Sénégal dépendra de la capacité des deux hommes à dépasser leurs divergences, au nom du projet de rupture qu’ils incarnent depuis leur élection .
Car comme l’a souligné Ousmane Sonko lui-même : « Je ne démissionnerai jamais pour ceux qui s’attendent à cela. Si le Président décide de mettre fin à mes fonctions, je lui remets ce qu’il m’a confié et je retourne à l’Assemblée nationale. On se prépare pour poursuivre le chemin. »
Dominique Koba
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