J’ai l’honneur de porter à ta connaissance ce qui suit :
Nous sommes à un tournant décisif de l’Histoire de l’humanité et de celle de la
Côte d’Ivoire. Ces deux Histoires sont intimement liées.
En effet, l’Histoire de l’humanité connaît aujourd’hui un grand basculement :
Le Sud global, sous la direction des BRICS, monte en puissance sur tous les
plans, tandis que l’hégémonie occidentale entraîne dans son déclin tous ses
alliés.
La Côte d’Ivoire doit éviter d’être un des wagons du monde en déclin et un de
ses chevaux de Troie.
Empêcher le Président Ouattara ou son régime de faire un autre mandat, c’est
éviter à la Côte d’Ivoire d’être entraînée dans ce déclin dont les signes
avant-coureurs résident dans l’incapacité du régime à faire face aux échéances
de la "digna dette" sur fonds propres et à relever un Indice de
Développement Humain (IDH) trop faible qui plonge chaque jour davantage le
peuple dans la pauvreté.
Ainsi, deux solutions s’offrent au peuple et à l’opposition ivoirienne qui
incarne ces aspirations : soit empêcher sa candidature, soit battre M. Ouattara
ou son candidat dans les urnes.
Sauf cas de force majeure, empêcher sa candidature est une bataille perdue
d’avance car le Conseil Constitutionnel, clone de l’Exécutif, exprimera la
volonté de M. Ouattara en ignorant le Droit.
Depuis sa candidature exceptionnelle de 2010 jusqu’à sa candidature pour cause
de décès de son successeur, en passant par sa candidature par dérivation, M.
Ouattara n’a fait que piétiner le Droit et les Institutions de la République.
Si par extraordinaire M. Ouattara est empêché, le régime se régénérera avec un
nouveau candidat, sans adversaire de poids en face ; ce qui prolongera d’une
décennie encore la souffrance du peuple sous le même régime.
Lâché par le peuple et par ses voisins qui ont servi de relais et de masques à
l’hégémonie occidentale pour le porter au pouvoir, celui-ci ne tient que par
les béquilles d’une minorité de partisans qui se nourrit de l’État comme d’un
butin de guerre et pour nourrir l’Occident qui renforce sa présence militaire
afin de compenser et de contenir ses anciennes puissances déclinantes en
régime.
Il est donc temps pour l’opposition qui l’incarne, de reprendre l’avantage avec
sa propre Commission électorale, sa propre liste électorale, son propre
électorat en combattant la fraude et en initiant une diplomatie active pour
inverser les rapports de forces internes et géopolitiques.
Nous ne sommes plus seuls comme en 2011 et le régime est isolé.
Seule notre désunion, l’absence d’une vision et d’une stratégie réaliste, font
la force de ce régime.
Malheureusement les deux poids lourds de l’opposition qui viennent de faire
alliance ont un carton rouge :
Toi et Tidiane THIAM.
La colère que cette situation engendre est légitime mais la colère est souvent
mauvaise conseillère et autodestructrice. La tentation d’abandonner le match
est donc grande mais, comme les élections précédentes, cela ne donnera pas la
victoire à l’opposition, n’empêchera pas M. Ouattara de faire un quatrième
mandat ni de précipiter le déclin de la Côte d’Ivoire dans l’abîme de la paupérisation
et du surendettement.
En lieu et place d’une légitime colère alimentée par l’incertitude sur l’issue
de la lutte ou d’un abandon du match qui déroulera le tapis rouge à M.
Ouattara, par conséquent, celui-ci activera le rouleau compresseur contre le
peuple et l’opposition qui l’incarne.
De ce qui précède et étant donné que tu as engendré plusieurs GBAGBO capables
de relever le défi, je propose que tu autorises, en plus de ta candidature,
deux ou trois autres Camarades à déposer leurs dossiers de candidature et
qu’une Convention extraordinaire puisse choisir le candidat du Parti parmi ceux
qui passeront au filtre du Conseil Constitutionnel.
Ces candidatures ne sont pas des candidatures de substitution à la tienne mais
des candidatures de précaution. Elles deviennent caduques au cas où ta
candidature est retenue par une solution politique.
Il faut éviter de répéter la politique de la chaise vide au risque de vider le
Parti de sa substance non idéologique et non résiliente après les élections de
2025 et de perdre toute influence sur la scène politique.
Cette stratégie est l’unique condition pour éviter au PPACI une absence à ce
grand rendez-vous de l’Histoire.
Ce qui permettra à notre pays de s’échapper du monde en déclin et d’être à la
table des Grands pour la conception et la mise en œuvre d’un monde multipolaire
et d’un destin commun avec l’Alliance des États du Sahel, de l’Afrique de
l’Ouest et du continent Africain.
Je propose, en cas de victoire de notre candidat, une transition civile de deux
ans, à toute la classe politique et à la société civile, pour rendre justice et
honneur au peuple qui a tant souffert et tant perdu, et aux leaders politiques
injustement exclus du jeu politique afin d’asseoir les bases de la Côte
d’Ivoire réconciliée, souveraine et panafricaniste, sur les fondations d’une
démocratie durable dans un monde multipolaire.
Je te prie d’agréer, Camarade Président, l’expression de ma très haute et
déférente considération.»
(Ahoua DONMELLO)
Donnez votre avis