Systèmes nationaux de protection sociale en santé : Adama Kamara invite les mutuelles de l’UEMOA à s’inspirer du modèle ivoirien CMU–MUGEF-CI
Les recommandations sont très attendues pour améliorer les systèmes santé des populations
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Le ministre ivoirien de l’Emploi et de la Protection sociale, Adama Kamara, a exhorté les mutuelles sociales des pays membres de l’UEMOA à s’inspirer du modèle d’intégration entre la Couverture Maladie Universelle (CMU) et la Mutuelle Générale des Fonctionnaires et Agents de l’État de Côte d’Ivoire (MUGEF-CI).
« Les mutuelles sociales, fondées sur la solidarité, ont un réel potentiel pour améliorer l’accès aux soins et réduire le risque financier lié à la maladie. Elles jouent un rôle clé dans la construction de systèmes de protection sociale intégrés, équitables et durables, qui garantissent à tous des soins de qualité et un accès équitable à la santé », a déclaré M. Kamara, ce mardi à Abidjan, lors de l’ouverture d’un atelier sous-régional consacré au rôle des mutuelles sociales dans les systèmes nationaux de protection sociale en santé.
Le ministre a rappelé que, depuis 2011, la Côte d’Ivoire a entrepris d’importantes réformes structurelles et sectorielles visant à améliorer son système de protection sociale, à encadrer la mutualité sociale et à faire du pays un moteur de l’économie africaine et un champion de la justice sociale.
Concernant la CMU, régime obligatoire de couverture maladie de base pour tous les résidents ivoiriens, il a indiqué que près de 19 millions de personnes y sont actuellement enrôlées, représentant plus de 51 % de la population nationale.
Adama Kamara s’est félicité du fait que plusieurs mutuelles sociales aient compris l’intérêt de ce système d’assurance nationale et en soient devenues des ambassadrices. Il a salué notamment le partenariat stratégique entre la MUGEF-CI, plus grande mutuelle du pays, et l’IPS-CNAM, ayant permis un arrimage avec la CMU. Ce modèle a contribué à assainir les finances de la MUGEF-CI, générant des excédents de gestion.
Ces excédents ont d’ailleurs permis à la MUGEF-CI de porter à 80 % le taux de prise en charge des médicaments dans le cadre du Régime Complémentaire Obligatoire, pour les années 2025, 2026 et 2027 alors que ce taux était de 70 % les années antérieures. Le ministre a présenté ce résultat comme une illustration concrète des bénéfices d’une vision à long terme basée sur des dispositifs intégrés et complémentaires.
À l’heure où la santé publique demeure une priorité nationale, il a souligné que l’adhésion des mutuelles sociales aux systèmes nationaux d’assurance maladie constitue un pilier essentiel pour construire un avenir plus sain et plus équitable.
Dans le même esprit, Coffi Agoussi, directeur régional adjoint du Bureau régional de l’Organisation internationale du travail (OIT), a salué les progrès accomplis par la Côte d’Ivoire dans l’extension de la CMU. Il a mis en lumière la récente mesure annoncée le 1er mai, permettant aux travailleurs de l’économie informelle enrôlés à la CMU d’avoir un accès direct aux prestations.
Il a rappelé que l’OIT soutient depuis de nombreuses années les États membres dans l’instauration de systèmes de protection sociale en santé et dans la reconnaissance du rôle crucial des mutuelles et autres mécanismes communautaires. Il a aussi insisté sur la volonté croissante des pays d’étendre la couverture maladie à l’ensemble de leurs populations, et affirmé la disposition du BIT à poursuivre son appui pour bâtir des systèmes de protection sociale inclusifs.
De son côté, Dr Koné Bakari, directeur du département santé et protection sociale à la Commission de l’UEMOA, a remercié les autorités ivoiriennes pour l’accueil de cette rencontre internationale, co-organisée avec le BIT. Il a cependant souligné que, malgré les avancées, des efforts restent nécessaires pour aboutir à une vision commune et à une action concertée.
« Certains pays sont indéniablement plus avancés que d’autres, et il est essentiel que les acquis puissent être partagés pour faire progresser toute la région », a-t-il affirmé. Il a souhaité que des propositions concrètes sur le rôle des mutuelles sociales dans la construction des systèmes nationaux soient issues de cet atelier, avec des recommandations solides à la clé.
Pendant trois jours (20 au 22 mai 2025), les participants – issus des ministères de tutelle, institutions nationales de protection sociale en santé, Conseil consultatif de la mutualité sociale de l’UEMOA, Commission de l’UEMOA, CIPRES, et partenaires au développement – vont plancher sur la mise en œuvre concrète des réformes de protection sociale en santé dans les États membres de l’UEMOA.
Lambert KOUAME
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