Renforcement des capacités : l’ANP outille les journalistes sur les enjeux liés aux sources d’information
Cette session de l’ANP Academy a permis de revisiter les fondamentaux du métier de journaliste et d’interroger les nouvelles pratiques imposées par le numérique et l’IA
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L’Autorité nationale de la presse (ANP), en collaboration avec la Commission d’accès à l’information d’intérêt public et aux documents publics (CAIDP), a organisé, mercredi 23 avril 2025, à la Maison de la presse d’Abidjan, la 37e session de formation de l’ANP Academy, autour du thème : « Le journaliste face aux sources d'information : opportunités et contraintes ».
Cette session a été co-animée par deux intervenants de renom : Dr David Youant, enseignant-chercheur, journaliste professionnel et directeur général de l’agence de presse Alerte Info, et Karamoko Bamba, journaliste et commissaire à la CAIDP.
En situant le cadre de cette session, le président de l’ANP, Samba Koné, a souligné l’importance cruciale de la thématique à une époque où la production d’information n’est plus l’apanage exclusif des journalistes, et où les sources — garantes de la fiabilité et de la crédibilité de l’information — peuvent être manipulées, voire manipulatrices.
« Il s’agit pour nous, à l’ANP, de garantir in fine le droit du citoyen à une information de qualité », a-t-il affirmé. Pour lui, la question des sources d’information est essentielle et constitue l’une des principales différences entre le métier de journaliste et celui d’écrivain. « Sans sources, point d’information », a-t-il martelé, ajoutant que sans sources fiables, l’information perd sa valeur et sa pertinence.
Dès lors, plusieurs interrogations s’imposent : comment identifier ses sources ? Quels sont les enjeux éthiques et légaux liés à leur protection ? Quels pièges éviter dans l’usage des réseaux sociaux comme sources potentielles ? Et comment le journaliste doit-il se positionner face à la prolifération des algorithmes d’intelligence artificielle ? Autant de questions auxquelles les panélistes ont tenté d’apporter des réponses, selon Samba Koné.
Dr David Youant a structuré son intervention autour de trois axes majeurs : l’article 2 du code de déontologie journalistique, l’usage du conditionnel et l’impact de l’intelligence artificielle sur la véracité de l’information. Il a rappelé que, selon le manuel de l’Agence France-Presse, il existe quatre types de sources : identifiées, non identifiées, implicites et indirectes.
« Une source doit être concrète, certaine, vérifiée et certifiée », a-t-il insisté. Il déconseille fermement l’usage du conditionnel dans les articles, estimant qu’il affaiblit la crédibilité de l’information. Il a également alerté sur les risques liés aux contenus générés par l’intelligence artificielle, affirmant que « 60 % des informations issues de l’IA sont fausses ».
S’appuyant sur l’article 2 du code de déontologie — « Ne publier que les informations dont les origines, la véracité et l’exactitude sont établies » — Dr Youant a souligné le devoir d’honnêteté du journaliste envers son public.
Il a aussi mis en garde contre l’usage d’expressions vagues telles que « sources sûres » ou « observateurs bien informés », qui, selon lui, « ne définissent rien en réalité ». Concernant les sources indirectes issues d’autres médias, il recommande d’éviter les formules imprécises du type « un confrère de la place ».
Au-delà de la source, la vérification demeure la pierre angulaire de tout travail journalistique, a-t-il rappelé. « Il faut recouper les informations, confronter différentes versions pour attester leur véracité », a-t-il insisté.
Lambert KOUAME
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