Assemblée nationale : le PDCI-RDA et le PPA-CI boycottent la plénière pour protester contre l’exclusion de leurs leaders
Maintenant qu'ils sont confrontés au même problème, Thiam et Gbagbo mèneront-ils un combat commun?
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Les tensions politiques s’intensifient à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Ce mercredi, les groupes parlementaires du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et du Parti des peuples africains - Côte d’Ivoire (PPA-CI) ont quitté l’hémicycle avant l’ouverture des travaux de la session plénière. Ce boycott marque leur ferme opposition à l’exclusion de leurs leaders respectifs, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, de la liste électorale en vue des prochaines échéances électorales.
Dans une action conjointe inédite, les députés des deux principales formations d’opposition ont voulu envoyer un message fort aux autorités électorales et judiciaires. Leur absence vise à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une manœuvre politique destinée à écarter deux figures majeures de la scène politique ivoirienne.
Le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, a été radié de la liste électorale suite à une décision judiciaire. Selon son avocat, Me Ange Rodrigue Dadjé, la présidente du tribunal a considéré que M. Thiam avait perdu sa nationalité ivoirienne lors de son acquisition de la nationalité française en 1987. « Elle a ainsi accédé à la demande des requérants et ordonné la radiation de M. Thiam », a déclaré Me Dadjé à la presse, dénonçant une décision "injuste et politiquement motivée".
De son côté, l’ancien président Laurent Gbagbo n’a pas été inscrit sur la liste électorale provisoire affichée par la Commission électorale indépendante (CEI) le 17 mars 2025. L’instance évoque la perte de ses droits civiques, consécutive à une condamnation judiciaire antérieure. Une décision que conteste vigoureusement son parti, le PPA-CI, qui y voit une atteinte aux droits fondamentaux et à la démocratie.
Le président du groupe parlementaire PPA-CI, Hubert Oulaye, avait déjà annoncé, lors d’une précédente séance le 19 avril, le retrait de ses collègues parlementaires. « Le nom du président Laurent Gbagbo n’apparaît pas sur la liste électorale, et la CEI refuse d’en effectuer la révision légale », avait-il dénoncé.
Une opposition désormais unie dans la contestation
Si le PPA-CI avait jusqu’ici mené seul cette forme de protestation, l’entrée en lice du PDCI-RDA donne un écho plus puissant à cette fronde parlementaire. Cette unité inattendue entre deux partis historiques pourrait bien redessiner les rapports de force dans l’opposition ivoirienne, à l’approche d’élections cruciales.
L’absence de deux groupes parlementaires majeurs lors des travaux de l’Assemblée pose la question du bon fonctionnement des institutions dans un contexte politique déjà tendu. Ce geste fort pourrait également susciter des réactions au sein de la société civile, des partenaires internationaux, et mettre en lumière les défis démocratiques auxquels fait face la Côte d’Ivoire.
Modeste KONE
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