Dans le souci de voir la procédure et dans quelles conditions travaillent les agents de l’Office national de l’état civil et de l’identification (ONECI) dans les centres d’enrôlement de la carte nationale d’identité, nous décidons de passer une journée dans un centre.
Jeudi 28 mai, dès 9h, nous prenons place dans la cour du service technique de la Mairie de Koumassi, contigüe au complexe sportif de la même commune. Histoire de voir si les mesures de barrières sont respectées. A ce niveau, rien à signaler. Depuis le portail, les vigiles et agents de sécurité veillent à ce que chaque personne qui rentre se lave les mains, soit à l’eau et savon, soit au gel hydroalcoolique et porte un cache-nez. Sous la bâche qui sert d’abri aux demandeurs, des chaises sont disposées à un mètre et même plus, d’intervalle. Chacun avec ses documents en mains. Ceux qui n’ont pas pu avoir de chaises sont dispersés un peu partout dans la cour, non loin.
Une fois installée, nous nous rendons compte que les demandeurs sont nombreux, contrairement à ce qui a été constaté pendant la période de confinement du grand Abidjan et même des villes de l’intérieur.
"Depuis que les activités ont repris, il y a beaucoup plus de personnes. Il y a quelques semaines, nous recevions à peine dix (10) personnes par jour. Mais aujourd’hui les choses ont changé et nous sommes mêmes souvent débordés", nous a confié un agent.
Dans un coin de la cour, nous remarquons une table sur laquelle est posé un ordinateur, avec plusieurs personnes autour. À la question de savoir ce que ces derniers font autour de la table, l’on m’explique qu’ils paient en ligne leurs timbres de 5000f avant de se faire enrôler par la suite, en suivant les consignes.
La première étape consiste au ramassage des dossiers des premières personnes afin de les dispatcher aux agents enrôleurs dans la salle. Par la suite, un des agents fait l’appel et les fait rentrer dans la salle.
Pendant l’attente, une jeune dame se met en colère car elle estime être venue avant certaines personnes qui ont été appelées avant elle. Plusieurs autres personnes confirment en dénonçant la magouille de certains agents qui privilégient leurs connaissances ou des personnes qui leur glissent des dessous de table.
"Il y a des gens qui viennent et automatiquement on les fait rentrer pendant que nous autres attendons depuis plusieurs heures sous cette bâche. Il y a trop de favoritisme. Si l’ordre d’arrivée est respecté, il n’y aura pas de souci. Mais là, ce que nous voyons est révoltant", dénoncent-ils.
Une accusation que les agents enrôleurs rejettent en prétextant que ce sont souvent des personnes qui sont venues et dont certaines pièces sont incomplètes qui reviennent. Ils estiment donc que ces derniers n’ont plus besoin de faire la queue pour se faire enrôler.
Un autre fait qui a attiré notre attention, c’est le cas des personnes qui ont payé leurs droits et dont le reçu ne correspond pas à celui exigé. Une jeune dame qui était dans le cas a été priée de le refaire avant de se faire enrôler.
Une fois dans la salle d’enrôlement, les choses se passent assez vite pour les renouvellements qui prennent moins de dix minutes. Vérification des données reçues, prise de photo et prise d’empruntes et enregistrement dans le registre constituent les étapes qu’il faut franchir avant d’espérer avoir une nouvelle carte d’identité à la date de retrait marquée sur le récepissé.
Les nouveaux demandeurs et ceux qui doivent faire rectifier leurs informations prennent beaucoup plus de temps car il faut rentrer les données et cela doit se faire minutieusement. A des moments, la machine se plante et il faut plusieurs minutes pour la redémarrer
Nous quittons les lieux vers 13h, après avoir compris la procédure pour se faire attribuer ou renouveler sa carte nationale d’identité, avec les difficultés que rencontrent les agents sur le terrain
Solange ARALAMON