A quelques heures de la fin de l’année 2018 et du début du nouvel an, l’un des faits marquant de l’actualité politique reste à n’en point douter les élections municipales et régionales du 13 octobre et du 16 décembre 2018.
Le 13 octobre 2018, les électeurs ivoiriens étaient appelés aux urnes pour élire leurs conseillers régionaux et municipaux. Ces élections, test pour la présidentielle de 2020, ont été entachées, à quelques endroits, de violences et d’irrégularités au point où la chambre administrative de la Cour suprême a invalidé le scrutin dans deux régions (Lôh Djiboua et le Guémon) et six communes (Port-Bouët, Grand-Bassam, Bingerville, Rubino, Booko, et Lakota) et indiqué la date du 16 décembre pour leurs reprises.
Si cette reprise d’élection s’est relativement bien passée dans les autres localités, le feu couve toujours dans la commune de Grand-Bassam. Le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-allié de la coalition au pouvoir), Georges Philippe Ezaley, conteste une seconde fois les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) le donnant perdant avec 45,72 % de suffrage contre 51,91 % pour son adversaire et candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Jean Louis Moulot.
Le candidat du PDCI, estimant que les urnes de 14 bureaux de vote à lui favorables ont été cassées, a déposé un recours en annulation afin que les élections soient reprises. Cette option est totalement rejetée par le camp adversaire qui refuse toute autre reprise.
Pour le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani, "un 3e scrutin municipal à Bassam est exclu. Les populations ont déjà choisi Jean-Louis Moulot deux fois en trois mois", menaçant même la justice de ce qui pourrait advenir.
''Si la justice remet en cause les résultats, elle serait responsable des évènements que pourraient engendrer une telle décision", avait prévenu le président exécutif du mouvement "Sur les traces d’Houphouët-Boigny".
Une marche dite pacifique avait même été organisée par les partisans du candidat du RHDP pour dire non à une 3e reprise. Quelques jours après cette marche, une autre, organisée par des partisans d’Ezaley pour demander la reprise du scrutin, s’est terminée en affrontement entre les deux camps.
C’est dans cette atmosphère de "ni paix ni guerre" que les Bassamois vont entrer dans la nouvelle année, les yeux tournés vers la Chambre administrative de la Cour suprême, ne sachant pas qui du maire sortant, Georges Ezaley ou de son challenger Jean-Louis Moulot va présider aux destinées de la première capitale de Côte d’Ivoire.
Grand-Bassam, la conséquence de la crise RHDP-PDCI
Cette guéguerre entre les alliés d’hier est la résultante du retrait du Pdci-Rda de la coalition au pouvoir. Un retrait dû à une crise de confiance entre les partis sur l’alternance au pouvoir en 2020 au profit du parti d’Henri Konan Bédié qui, estimant avoir soutenu son jeune frère à deux reprises, s’attend à ce que celui-ci lui ramène l’ascenseur.
Après s’être retiré, le plus vieux parti qui aspire au pouvoir d’Etat en 2020, met les bouchées doubles afin de constituer une nouvelle plateforme politique avec les partis et organisations qui partagent ses idéaux.
Du côté du RHDP, l’on entend matérialiser cette alliance. Après l’assemblée générale constitutive de juillet, cette coalition, sans le PDCI, organisera le 26 janvier prochain, un congrès où l'on en saura davantage sur la dissolution ou non des partis membres de cette coalition.
Mais déjà, les dissensions se font entendre de plus en plus. Pendant que le président du comité d’organisation de ce congrès, Adama Bictogo, affirme : "le 26 janvier reste le point de départ de la nouvelle offre politique du RHDP aux Ivoiriens. Naturellement, on ne peut faire cette offre politique en tant que RHDP et appartenir à un autre parti politique", le 2e vice-président du RHDP, Albert Mabri Toikeusse, déclarait lors d’un congrès de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI) dont il est le président que "la question de la dissolution des partis membres du RHDP n'est pas l'ordre du jour du congrès constitutif du 26 janvier prochain".
Cette question reste floue dans la tête des militants qui attendent de trouver une réponse au soir du 26 janvier.
Outre ces sujets, un autre point marquant de l’actualité en 2018, c’est aussi la libération de 800 prisonnier. A la faveur de la célébration du 58e anniversaire de l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a pris une ordonnance d’amnistie de 800 personnes poursuivies ou condamnées pour des infractions liées à la crise post-électorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l'Etat commises après le 21 mai 2011.
L'amnistie du 7 août 2018
Parmi ces personnes, figurent l’ex-première dame Simone Gbagbo, les anciens ministres Lida Kouassi Moïse et Assoa Adou, tous cadres du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) de même que Souleymane Kamagaté dit Soul To Soul q, directeur du protocole du président de l'Assemblée nationales, Guillaume Kigbafori Soro.
Cette libération a apaisé un tant soit peu les cœurs.
La folle rumeur de la libération de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, et de son ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, en détention à la Haye pour crimes de guerre à la suite des violences post électorales n’est pas en reste.
Le 14 décembre, à la veille des vacances des juges de la Cour pénale internationale (CPI), une rumeur avait annoncé la libération de Laurent Gbagbo. Comme une traînée de poudre, cette rumeur a suscité des scènes de liesse populaire dans les communes reconnues comme fiefs de l’ancien président. Cette information a été vite démentie par le porte-parole de la CPI, Fadi El Abdallah, pour qui "aucune décision n'a été prise", ajoutant "je n'ai aucune indication de quand la décision sera rendue".
Lambert KOUAME