Interview- Achref Chargui, membre du Comité artistique international (CAI) du MASA : "À Abidjan, on ressent une vitalité et une énergie créatrice incroyable"





interview-achref-chargui-membre-du-comite-artistique-international-cai-du-masa-quota-abidjan-on-ressent-une-vitalite-et-une-energie-creatrice-incroyablequot


Achref Chargui, membre du Comité artistique international (CAI) du MASA, est professeur universitaire en musicologie et sciences culturelles, auteur compositeur et musicien professionnel, spécialiste de l’instrument OUD. Originaire de Tunisie, Achref Chargui est le directeur des Journées musicales de Carthage (JMC) 2018 et l’une des jeunes figures influentes dans le milieu artistique en Afrique. Après une première participation en 2010, il était présent au MASA 2020, qui s’est déroulé du 7 au 14 mars dernier et a accepté de répondre à nos questions.

Avez-vous participé à la préparation de ce MASA 2020. SI oui, comment cela s’est passé ?

Oui j’ai participé à la préparation du MASA 2020 en tant que membre du Comité artistique international (CAI), pour la discipline musique, j’ai eu la chance et l’honneur de travailler avec les autres membres  notamment, Mamou Daffé (directeur du Festival sur le Niger), Koné Dodo (directeur du Palais de la culture d’Abidjan, producteur), Yusuf Mahmoud (directeur du festival Sauti za Busara à Zanzibar), Tony Mefé (directeur artistique de l’Association Scène d’ébène), etc. Nous avons contribué à la sélection de tous les groupes de musique qui ont participé au MASA 2020 au titre du marché.

De votre point de vue, comment cette 11ème édition s’est déroulé? Avez-vous eu des coups de cœur artistiques ?

Il est vrai que, durant la sélection, on a découvert de grands talents mais les voir sur scène c’est totalement différent. Ils méritent tous d’avoir une bonne promotion pour leurs futures tournées qu’ils feront, en grande partie, grâce aux rencontres professionnelles qu’ils auront faites à l’occasion du MASA 2020.

Justement, quel impact le MASA a-t-il sur le marché artistique africain et, plus généralement, sur le marché artistique international ? Pour vous, en quoi le MASA contribue-t-il à la relève artistique africaine, voire mondiale ?

Le MASA est considéré comme l’un des plus grands marchés de développement et de création artistique, d’une part, et, d’autre part, il est aussi l’une des meilleures occasions pour les artistes africains pour se promouvoir et lier des contacts directs avec les diffuseurs internationaux. Désormais, vous le savez, le MASA n’est plus seulement africain, il est devenu le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan. À ce titre, il est devenu un rendez-vous mondial de partage et de rencontres artistiques entre les diffuseurs en Afrique et pas seulement. Regardez autour de nous : des professionnels de tous les continents passent la semaine à Abidjan et assistent aux spectacles proposés. Vous avez certes une grande majorité d’Africains mais aussi des Européens, des professionnels d’Amérique du Nord, des Canadiens qui est le pays invité d’honneur de cette 11ème édition, des Japonais, etc. Clairement, si ces professionnels des arts sont au MASA c’est parce qu’ils sont à la recherche de nouveaux talents et de spectacles de qualité qu’ils viennent acheter pour leurs festivals, leurs lieux de spectacles ou pour leurs maisons de production/diffusion. Cela représente une chance pour tous les artistes que le MASA reçoit et oui, c’est en cela que la MASA contribue, je dirais même favorise et participe fortement à la relève artistique africaine et mondiale, à sa professionnalisation, à sa promotion.

Vous avez dirigé les Journées musicales de Carthage en 2018, en tant que directeur de festival, quelles sont, selon vous, les forces, les faiblesses et les points d’améliorations du MASA ?

À mon avis, la présence et l’implication du CAI durant la phase de l’organisation pratique du festival, surtout par rapport à la programmation et la logistique, devrait être primordiale et renforcée. Car les personnalités qui composent ce Comité (choisies par le directeur général du MASA, Professeur Yacouba Konaté) non seulement ont une grande expérience de l’organisation d’évènement comme le MASA mais aussi, elles représentent des délégations des artistes internationaux qui viennent au MASA. Elles devraient donc pouvoir faciliter les rapports entre les groupes artistiques de leurs pays respectifs sélectionnés et les équipes du MASA, faire le lien pour une organisation optimum. En cela, le CAI pourrait soulager les membres du bureau de l’organisation du MASA de plusieurs soucis techniques et communicatifs et apporter sa contribution en s’inspirant des grandes expériences de chacun de ses membres.

Le MASA vous inspire-t-il ? Conseilleriez-vous à des amis, de jeunes artistes ou professionnels de postuler, de venir y participer ? Pourquoi ?

Oh que oui ! Je suis déjà très content de constater la participation de la Tunisie et, plus généralement, du Maghreb arabe qui commence à être présent de plus en plus. Comme je vous le disais, le MASA est l’une des meilleures occasions pour les artistes, producteurs, diffuseurs, bref, pour le monde du spectacle, de découvrir d’autres talents, de partager avec eux et de créer des projets d’échanges entre les pays. D’autant plus que cela se passe en Côte d’Ivoire, l’un des pays d’Afrique où l’art et les traditions tiennent une place majeure, là où les artistes sont parmi les plus créatifs du continent. À plus d’un titre, le MASA est une expérience que je conseillerais de vivre à tous les jeunes artistes et professionnels du spectacle. Quel que soit le degré de satisfaction de chaque participant, l’expérience ne peut être qu’enrichissante. Nous sommes tous là, curieux de découvrir, de rencontrer, d’apprendre de chacun des artistes avec lesquels nous partageons l’amour de l’art, nous échangeons nos expériences. Rares sont les évènements comme le MASA qui offrent tant de possibilités.

Après votre venue au MASA, avec quelle image de la Côte d’Ivoire repartirez-vous ?

À chaque fois que je viens en Côte d’Ivoire, je suis très étonné de la vitesse avec laquelle les choses bougent, avancent, se transforment. À Abidjan, on ressent une vitalité, une énergie créatrice incroyable qui, pour l’artiste, le musicien que je suis, me booste et m’inspire ! La Côte d’Ivoire est devenue pour moi une deuxième maison. Ici, je me sens chez moi, entouré de ma famille, d’amour, de fraternité et d’une gentillesse vraiment exceptionnelle dont font preuve les Ivoiriens ! Ce pays est béni.

Solange ARALAMON

En lecture en ce moment

Décès de Gbizié Léon : le message de Serge Aurier à son père

Coup d’Etat au Burkina Faso : Alors qu’on l'annonce aux mains des mutins, Roch Kaboré parle