Une petite histoire pour cerner sa personnalité et mieux comprendre ses actes. Lorsqu’Affi Nguessan sort de la prison de Bouna au lendemain de la crise postélectorale de 2010, la fête nationale du Japon à la résidence de l’ambassadeur à Cocody est l’une des premières cérémonies publiques auxquelles il participe.
Nous lui avions posé la question de savoir pourquoi, lui et ses refondateurs clament à tout vent que le président Ouattara n’avait aucun mérite, que toutes ses réalisations étaient déjà programmées par Gbagbo et que le financement était bouclé mais, ils refusent de revendiquer la dette contractée pour les investissements. Pour toute réponse, le président du FPI nous a dit ce jour-là : « Monsieur le journaliste, moi je fais la politique ». Tout un programme.
Qu’on l’aime où on ne l’aime pas, on est obligé de reconnaitre que Affi Nguessan est un politicien futé. Au cours d’une audience cette semaine au palais présidentiel avec le Vice-président Kablan Duncan, il a mis en avant le retour de l’ancien président Gbagbo alors qu’en réalité, au fond de lui-même, c’est la dernière chose qu’il souhaite voir se réaliser avant octobre 2020. Affi sait que Si Gbagbo arrive aujourd’hui à Abidjan, ce serait la fin de son magistère à la tête du Fpi. Il perd la main et devra payer cash toutes les couleuvres qu’il a fait avaler aux Gor (Gbagbo ou Rien) pendant les deux mandats de Ouattara. Affi sait que si Gbagbo revient en Côte d’Ivoire, ce ne serait plus à lui de tenir le fanion du Fpi ni de percevoir et gérer les fonds publiques de ce parti.
Faisant donc « sa » politique, il donne le sentiment aux Gor de lutter pour eux et leur leader alors qu’il n’en est rien.
Affi n’ignore pas que les chances de voir Gbagbo cette année à Abidjan sont très minces, il mise donc gros sur cette situation pour espérer tirer le maximum de profit politique.
Tous les observateurs du microcosme politique ont été surpris de voir le président du Fpi remettre en cause la composition de la CEI qu’il avait pourtant validée et fait nommer ses représentants. Pourquoi a-t-il ainsi agi au lendemain de sa rencontre avec Gbagbo à Bruxelles ? Rien que de la politique.
Mais, d’une pierre, Affi fait plusieurs coups.
Primo, Il se réconcilie avec Gbagbo. Il épouse le combat des Gor pour espérer bénéficier de leur suffrage à la prochaine présidentielle où il veut être candidat. Avec les Gor en poche il espère obtenir plus que les 9% de l’élection présidentielle de 2015.
Secundo, il se positionne comme le vrai leader de l’opposition. En interne, il écrase le clan Assoa Adou et compagnie qui n’ont de cesse de le combattre depuis Linas-Marcoussis où il a été accusé d’avoir vendu la lutte.
Tertio, face au Rhdp, il pèse un peu plus lourd et peut revendiquer un peu plus lors du dialogue politique qui est ouvert sous la conduite du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Les équations d’Affi Nguessan pour damer le pion à ses adversaires ont très belles mais, seulement il y a plusieurs inconnues qui ne dépendent pas de lui.
Quelle est l’ambition de Simone Gbagbo ? Va-t-elle suivre le diktat des Bruxellois qui la narguent et qui piétinent sa dignité de femme sans mot dire ?
L’autre inconnue est comment recréer des liens sincères avec Bédié et ses nouveaux alliés qui ont pris position contre lui dans la crise interne au Fpi ?
La plus grosse inconnue pour Affi est ce que sera est la stratégie de l’ouragan Rhdp qui balaie tout sur son terrain et qui n’entend pas « remettre le pays à ceux qui l’ont détruit ». Comme quoi cette façon politicienne de faire la politique a ses limites.