C’est de bonne guerre. Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda rêve d’une nouvelle plateforme sur l’échiquier politique ivoirien. Les alliances en politique se font et se défont. On a connu le Front républicain dans les années 1990, formé du FPI de Laurent Gbgabo et du RDR d’Alassane Ouattara. Il a vécu. Sur ses cendres naquit le Rhdp version Paris, un 18 MAI 2005, sous la dictée de Jacques René Chirac. Ayant aujourd’hui fait place au Rhdp unifié, version Ouattara & Lagune Ebrié, l’un des ténors de ce groupement, Le PDCI-RDA de Bédié a décidé de faire cavalier seul. Finalement, ce qui était un secret de polichinelle, a été « officialisé » par le Bouddha de Daoukro lui-même : « Oui Laurent Gbagbo m’a donné son accord, le temps d’en parler à son parti, pour intégrer la grande coalition que le PDCI compte mettre en place ». Et vlan ! « Je regrette d’avoir soutenu Ouattara ». Cette déclaration couperet convoque à l’analyse, car lourde de sens. Henri Konan Bédié, flanqué du titre honorifique de PCA de la Côte d’Ivoire du temps de son idylle avec Ouattara, a quand même eu les honneurs sous la gouvernance Ouattara. Jet privé pour ses déplacements, nom gravé dans les marbres d’un pont, le pont HKB, pont reliant Riviera à Marcory, Consultation régulière sur les grandes questions de la vie de la nation, Espèces sonnantes et trébuchantes, Cigares sur mesure aux frais de l’Etat, il y avait une panoplie d’égards de Ouattara envers Bédié. Toutefois, sous cette dorure se cachait une liberté confisquée. Souvenons-nous du « non cinglant » des députés Pdci à la loi sur le mariage. Sans ménagement, Ouattara a dissous le gouvernement, obligé Bédié à demander à ses députés de rétropédaler. Ce qui fut fait, toute honte bue. Les cris d’orfraie du vieux parti contre la Constitution de Ouattara sont finalement restés au stade de jérémiades. Sans suite. Des couleuvres de cette nature, Bédié et le Pdci en ont avalées suffisamment dans leur cohabitation avec Ouattara. Qui voit l’alliance sous le prisme de la soumission de l’allié à ses désidératas. Le dernier avatar de cette galère du Pdci fut le rejet, avec force, de l’alternance 2020 par Ouattara. A la question du confrère Jeune Afrique « Votre Allié Henri Konan Bédié dit que vous lui avez promis l’alternance en 2020 ? », la réponse de Ouattara tranche avec la sagesse africaine : « Je ne lui jamais promis… ». Vu d’Afrique, Henri Konan Bédié serait devenu un colporteur de mensonge. Et pour un homme qui partage avec Ouattara, une rancune tenace, il était clair que cela ne resterait pas sans suite. Coup sur coup, Henri Konan Bédié a ramené Ouattara et ses thuriféraires sur terre, en retirant son parti du RHDP. Le coup de massue se digère difficilement encore au Rdr, rebaptisé parti unifié, avec le vernis de quelques cadres Pdci, plus préoccupés par les maroquins ministériels que par le combat idéologique. Ce n’est pas tout. Henri Konan vient d’en mettre une couche. Dans une interview accordée à France 24, il n’y va pas avec le dos de cuillère pour lâcher « je regrette d’avoir soutenu Ouattara ». Une phrase assassine. Regretter un acte politique aussi fort revient à enlever tout mérite au bénéficiaire. Le roi est nu. Unijambiste, le Rhdp unifié de Ouattara apparait comme une machine grippée qui ne tient que par la perfusion des caisses noires de la République. Mieux, ce groupement qui agonise, vit ses derniers souffles à coup de menaces, de chantages et d’appât, à forte senteur de prévarication. Rira bien qui rira le dernier, dit-on. Ouattara vient de l’apprendre à ses dépens.
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