L’option ignorée des EGR





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L’idée vient de Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), l’une des trois grandes formations politiques de l’échiquier ivoirien, aux côtés du RHDP-Unifié et du PDCI-RDA. Il l’a mûrie quand il était en détention politique à Bouna, au Nord-Est du pays. Un emprisonnement consécutif à la défaite du régime Gbagbo lors du conflit armé qui a affreusement marqué la crise post-électorale de 2010.

 C’est donc à Bouna qu’Affi a estimé que les Etats généraux de la République (EGR) pouvaient être cette catharsis nationale pour panser les blessures psychologiques, les déchirements, les traumatismes et autres grandes rancœurs laissés par la crise post-électorale qui a fait plus de 3000 morts, selon l’Onu.

 

Pour le président du FPI, les EGR devraient non seulement constituer un remède efficace pour apaiser les cœurs et aller à la réconciliation nationale. Mais aussi un rendez-vous de la vérité afin de penser une nouvelle Côte d’Ivoire. Aux  plans institutionnel, politique et sociétal. Les EGR devraient également             apparaître, en quelque sorte, à travers la profondeur des réflexions et la sincérité des engagements, comme le prolongement réussi du Forum de la réconciliation nationale tenue, du 9 octobre au 18 décembre 2001. Qui malheureusement n’a pas pu empêcher la survenance du coup d’Etat manqué de septembre 2002 mué en rébellion armée. Les EGR iraient donc au-delà du Forum de la réconciliation nationale de 2001 pour être une possibilité de règlement des conflits sous l’arbre à palabres. Aucun sujet ne serait tabou, aucune époque ignorée, aucune communauté vivant en Côte d’Ivoire ostracisée. D’Houphouët à Ouattara en passant par Bédié, Guéi et Gbagbo, tous les régimes et leurs tares seraient mis à l’index afin que ces dernières soient éliminées de la vie publique.

 

Les EGR auraient incontestablement marqué la renaissance de la Côte d’Ivoire, à l’instar de la Commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud. Cette voix dans le désert d’Affi N’Guessan, prisonnier martyrisé à Bouna (les vidéos faisant foi) qui a enjambé la souffrance pour aller au pardon, n’a pas eu d’écho dans le monde politique ivoirien. Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a trouvé que c’était un bavardage puéril. Le pays ayant d’autres chats à fouetter, a-t-il, quasiment lancé. Alors que l’échec de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) présidée par Charles Konan Banny est consommé depuis des années, aucune alternative ne s’offre à la Côte d’Ivoire pour sauver la réconciliation nationale et la cohésion sociale agonisantes. A un an de l’élection présidentielle d’octobre 2020, les mêmes ingrédients du cocktail molotov qui a embrasé le pays à partir de 1999 ont refait surface. Dans un contexte où chaque leader politique et ses partisans ainsi que chacune des communautés s’arc-boutent sur ses certitudes. Chacun estime avoir raison d’agir comme il le fait. Tout cela en l’absence de débats contradictoires et pacifiques. Comme pouvaient l’offrir les Etats généraux de la République (EGR).

Didier Dépry

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