Les marchés : le nœud de nos souffrances





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Sans doute pour détourner nos regards et perpétuer la distorsion entre les pauvres et les plus riches, les économistes ont créé un concept qu’ils appellent avec beaucoup d’affection « la distorsion des marchés ». Quel pauvre, convaincu de sa pauvreté, parce que vivant avec moins de 1000F par jour, a le temps de chercher à comprendre ce que veut dire ce groupe de mots ? Enfumage !

En réalité et en termes simples, la distorsion des marchés fait référence à un environnement dans lequel les prix pratiqués sur les marchés sont très élevés. Et on estime que s’il y avait une concurrence saine, ces prix auraient été revus à la baisse. Mais le fait d’admettre même qu’il y a distorsion des marchés devrait amener les gouvernants, dont le travail est de faciliter la vie à leurs concitoyens, à prendre des mesures vigoureuses afin de réduire cette distorsion ou ce déséquilibre.

Les Ivoiriens et bien d’autres peuples africains se souviennent sans aucun doute de la vie qu’ils menaient avant la pénétration des marchés africains par la société qui pilote Wave. Les frais de transfert d’argent se payaient très cher avec les sociétés de téléphonie mobile notamment Orange suivie de Mtn. Il a fallu l’arrivée en terre africaine de cette société américaine basée au Canada pour donner un véritable bol d’air aux Africains.

Par exemple, avant l’arrivée de Wave en Côte d’Ivoire, les Ivoiriens vivaient une véritable distorsion du marché des transferts d’argent par mobile money. Chez Orange, toutes les transactions étaient payées. Du dépôt au transfert en passant par les retraits. Avant avril 2021, date de lancement de l’opérateur digital Wave, ils payaient 5000F de frais pour un transfert de 50.000FCFA. Aujourd’hui, grâce à la société Sendwave, ils ne paient plus que 500FCFA. Chez Wave, seul le transfert d’argent d’un compte à un autre est payant et c’est seulement 1% quel que soit le montant. Le reste est gratuit.

Les exemples de distorsions des marchés sont légion. Et pénalisent fortement les clients que sont les populations vivant en Afrique et principalement en Côte d’Ivoire, qui ne demandent pourtant qu’à être protégés. Qui aurait pensé un seul instant que le mois d’avril 2021 porterait un coup d’arrêt à la pression constante qu’exerçait sur eux cette fameuse distorsion relativement aux transferts d’argent ? Pourquoi les gouvernants n’avaient pas pensé à trouver une telle stratégie pour casser la dynamique de cette sulfureuse pression ? Travaillent-ils réellement à aider leurs populations dans le sens de rendre aisée leur vie sur terre ?

Après l’épisode Wave qui a été applaudie par tous, l’on a espéré que les gouvernants africains qui accueillent la fintech américaine sur leur sol s’en serviraient pour s’attaquer à tous les secteurs qui souffrent de distorsion aiguë. Mais le sentiment de non prise en compte de leurs préoccupations premières qui se dégage des populations risque de durer encore longtemps. Et elles attendront certainement que d’autres Drew Burbin et Lincoln Quirk (co-fondateurs de Sendwave) naissent ou aient la généreuse idée de « développer des produits simples à fort impact social ». Ce jour-là…

Abdoulaye Villard Sanogo

 


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