Collecte et vente de canettes usagées : un business juteux





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Le ramassage et la commercialisation des canettes usagées sont négligés mais ils nourrissent leur homme



 

Le commerce de canettes usagées prend de l'ampleur. Bien que souvent sous-estimé, il permet à de nombreuses personnes de vivre dignement. Pour comprendre cette activité, un reporter de pressecotedivoire.ci a rencontré, mardi 10 décembre 2024, deux personnes exerçant dans ce secteur, ainsi qu'un forgeron qui utilise ces canettes pour la transformation de ces dernières en ustensiles de cuisine.

Asta, une quinquagénaire habitant la commune de Bingerville et qui collecte des canettes usagées, nous a expliqué combien ce business l’aide à subvenir à ses besoins. « Je fais ce métier depuis cinq ans. Au début, les femmes de ma cour se moquaient de moi, car je me reveillais tôt pour aller ramasser les canettes dans les maquis et les bars. Souvent, je me rends même à Yopougon, où plusieurs vigiles de bars me connaissent », raconte-t-elle. Maman Asta, comme l’appellent affectueusement ses proches, nous a conduits sous un hangar situé près de sa maison, pas loin du carrefour CIE à Bingerville. À peine arrivée, elle s’est assise sur un tabouret où sont posés plusieurs sacs pleins de canettes. Elle nous explique son processus de travail. « Avant de les amener chez le forgeron, je les aplatis à l’aide d’un marteau. Une canette aplatie pèse bien plus lourd que lorsqu’elle est dans son état initial », confie-t-elle. Asta nous informe également que le kilogramme de canettes aplaties est vendu entre 300 et 500 F CFA chez son forgeron situé à Abobo. Selon elle, elle peut écouler entre 300 et 500 kg de canettes par mois, ce qui génère un revenu de 140 000 à 150 000 F CFA. Cela lui permet de contribuer aux charges ménagères et de financer la scolarité de ses enfants.

L'autre témoignage nous vient d'un jeune homme que nous avons rencontré à Cocody, nommé Mesmin. Il partage également son expérience dans ce secteur. « Les gens négligent cette activité. Lorsqu’ils me voient ramasser des canettes, ils pensent que je n’ai pas de dignité. Pourtant, grâce à ce travail, je parviens à me prendre en charge et à financer d’autres projets. Souvent, je gagne entre 130 000 et 140 000 F CFA par mois. Aujourd’hui, je suis même en mesure d’aider certains amis qui se moquaient de moi quand je débutais », nous explique-t-il.

 

Le forgeron un maillon important de la chaîne

 

Après ces partages d'expériences, nous avons mis le cap sur Abobo, précisément au quartier Avocatier. Sur place, nous avons rencontré un forgeron qui a préféré garder l'anonymat. Il nous explique le processus à suivre pour obtenir les ustensiles de cuisine. « Souvent, je récupère les canettes auprès des grossistes pour fabriquer des marmites, des écumoires, des casseroles et bien d’autres ustensiles de cuisine. Je vérifie l’état des canettes avant de les fondre dans un fourneau alimenté par du bois de chauffe et du charbon, à une température élevée. Ce long processus me permet de produire des ustensiles de cuisine qui sont ensuite revendus sur le marché à partir de 3 000 F CFA », nous fait-il savoir. En quittant cet atelier, où la chaleur intense est presque insupportable, nous avons observé plusieurs vendeurs venir se ravitailler chez le forgeron.

Ce business de recyclage des canettes, bien qu’encore sous-estimé, permet à de nombreux Ivoiriens de subvenir à leurs besoins quotidiens et de sortir de leurs conditions de précarité. Avec des revenus de 140 000 F CFA voire 150 000 F CFA, ces collecteurs d'emballages usagés n'ont rien à envier à des fonctionnaires ou des travailleurs du privé. Comme quoi, il n'y a pas de sot métier et chaque travail nourrit son homme, pourvu qu'on y mette du cœur.

 

S.F.

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