La jeune femme propriétaire d'une pirogue à Sassandra
Dans le domaine de la pêche à Sassandra, une jeune femme s'impose avec audace. Jessica Evelyne Bolé, propriétaire d'une pirogue dans cette capitale de la région du Gbôklè, emploie des hommes qui travaillent à son compte. Son engagement dans ce secteur n'est en rien lié à un échec scolaire ou universitaire. Bien au contraire, malgré ses diplômes et sa formation en anglais, la jeune Bolé a choisi de vivre une passion héritée de sa mère ghanéenne, qui l'a inspirée dès son enfance.
Le jeudi 5 décembre 2024, notre équipe de reportage a rencontré cette jeune femme, forte de plus de 10 ans d'expérience en tant que propriétaire de pirogue. Avec assurance et détermination, cette technicienne supérieure participe aux prises de décisions, un domaine souvent dominé par les hommes.
« Lorsqu'il y a des sujets importants à débattre, je suis convoquée au même titre que les hommes. En tant que propriétaire, je n'hésite pas à donner mon avis », confie-t-elle.
En plus d'être une source de fierté pour sa famille, Evelyne reçoit constamment des encouragements de son entourage, hommes et femmes, qui admirent son courage et envisagent de suivre son exemple. « Plusieurs personnes autour de moi souhaitent acheter des pirogues et se lancer dans cette activité », révèle-t-elle.
Comme toute activité, la pêche n'est pas exempte de défis. Evelyne partage quelques-unes des difficultés rencontrées : « Parfois, des bateaux en haute mer emportent nos filets et nos poissons sans que nous puissions les identifier. De plus, recruter des pêcheurs locaux est un défi, car beaucoup perçoivent la pêche en haute mer comme trop risquée. Quant aux pêcheurs étrangers souvent sollicités, ils ne possèdent pas toujours la qualification requise. »
Malgré ces obstacles, Evelyne envisage de diversifier ses activités en explorant le domaine de l'immobilier, un secteur qui la passionne. Présidente des jeunes du quartier Aladjan de Sassandra, elle encourage les femmes à briser les barrières et à s'impliquer pleinement dans des activités qu'elles aiment. « Nous devons avoir confiance en nous et prendre des décisions en tant que jeunes filles pour assurer notre autonomie. Les parents, quant à eux, ne devraient pas imposer leurs choix à leurs enfants », conseille-t-elle.
La pirogue qui fait aujourd'hui la renommée de Jessica Evelyne Bolé lui a coûté la somme de 2 millions de FCFA. Un investissement qu'elle ne regrette pas, car les fins de saison de pêche lui rapportent des bénéfices substantiels.
Touré Boa
Correspondant régional
