Coulibaly Kuibiert Ibrahime, président de la CEI, était à Guiglo, dans la région du Cavally, pour donner le top départ de l’opération qui devra durer trois bonnes semaines. Avant même son lancement et tout au long de son déroulement, l’opposition ivoirienne reviendra immanquablement sur ses sempiternelles récriminations autour de la régularité de ce processus. Au-delà de la vacuité de certaines idées avancées par cette opposition qui relèvent purement de la politique politicienne, il importe de dire que cette opposition est en face de ses propres turpitudes.
Depuis le changement du régime intervenu en 2010, cette opposition a toujours boycotté tous les différents processus électoraux de 2013 jusqu’à ce jour, en dehors des élections locales et sénatoriales de 2023. Ainsi donc, de 2013 à 2024, c’est toujours la même rengaine : Il faut une CEI consensuelle et une liste électorale crédible. Cette année, en plus des arguties développées ci-haut, l’audit de la liste électorale et l’inscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale sont les axes de communication des anciens et néo-opposants. Voici le contexte dans lequel le PPA-CI de Laurent Gbagbo, le PDCI-RDA de Tidjane Thiam, le FPI de Pascal Affi N’Guessan et tous les micro-partis qui gravitent autour d’eux, s’apprêtent à se lancer au cours de cette opération.
Sans appeler à boycotter le processus, cette opposition continuera d’entretenir le vrai faux débat sur la transparence de la RLE. Il est vrai qu’aucun système n’est parfait. Même dans les démocraties occidentales les plus avancées, des réglages continuent de se faire pour améliorer les systèmes électoraux en place. Il n’y a qu’en Côte d’Ivoire que des partis politiques décident de boycotter pendant près d’une décennie, les élections, sous prétexte que les conditions d’élections transparentes ne sont pas réunies, alors que fondamentalement, rien n’a changé quand ceux-ci étaient au pouvoir. Aujourd’hui, l’on parle de déséquilibre, alors que sur les 15 membres de la Commission centrale, l’opposition en compte 5, la mouvance au pouvoir 4 et la société civile 6.
Les pro-Gbagbo continuent d’agiter le chiffon rouge du déséquilibre, alors qu’à la CEI, Demba Traoré représente le PPA-CI, Bamba Siaka, le PDCI-RDA, Alain Dogou, le FPI, Yapi Yao, l’alliance AFD et Doumbia Major, le CPR, en remplacement de Henriette Lagou. L’on évoque également le délai relativement court. Ici aussi, c’est une fuite en avant. En Côte d’Ivoire où le vote n’est pas obligatoire, les citoyens ne se mobilisent généralement pas pour les processus électoraux. Dans un tel cas de figure, il appartient aux parties prenantes que sont les partis politiques, de descendre sur le terrain pour mobiliser les populations. Après avoir lancé des appels au boycott et cassé les machines d’enrôlement pendant dix bonnes années, l’on s’étonne que les gens ne se bousculent pas, alors que la CEI a un calendrier constitutionnel et technique à respecter.
Cela part de l’enrôlement sur la liste électorale en passant par le traitement des données, l’affichage de la liste provisoire, le contentieux avant la publication de la liste définitive et la distribution des cartes d’électeur. Au regard de tout ceci, on ne peut pas vouloir s’inscrire dans ce processus ad vitam aeternam. C’est la même logique sur la capacité de la CEI à atteindre le ratio de 4,5 millions de nouveaux électeurs. Ici encore, la CEI s’évertue à dire que, s’il y a un minimum de 50 requérants dans chacun des 12 000 lieux d’enrôlement, on aura un taux de 13 millions d’électeurs. Soit un ratio largement au-delà du taux que tout le monde, y compris l’opposition, veut atteindre. Après le lancement de l’opération, l’opposition doit donc quitter les salons feutrés et cesser de tourner l’opinion en bourrique. Une élection ne se gagne jamais à la CEI. C’est dans les urnes. Et la victoire dans les urnes commence par la mobilisation sur le terrain, à commencer par la révision de la liste électorale.
Bernard KRA