Le temps d'un feu de paille. C'est le temps qu'aura duré le partenariat tissé par le président du Front populaire ivoirien (FPI) avec la majorité au pouvoir en Côte d'Ivoire.
Au terme d'une réunion du Comité central, organe d'orientation stratégique du FPI, la portion congrue de l'ancien parti au pouvoir a fait le choix de rompre avec le RHDP, estimant que le partenariat pour « la réconciliation nationale », noué en mai 2023 avec le parti au pouvoir, « est devenu préjudiciable, sans objet et caduc ». Cette résolution, on le sait, ne fait pas l'unanimité au sein de cette faction de l'ancien parti au pouvoir. On peut même dire que le plus dur commence pour Affi N'Guessan, dans la mesure où des vice-présidents, le secrétaire général et bon nombre de cadres sont en total désaccord avec la rupture de ce partenariat. Au-delà de cette crise qui se profile à nouveau à l'horizon et qui est une affaire interne au FPI, il importe de revisiter le parcours politique de Pascal Affi N'Guessan qui est aussi atypique qu'anecdotique. Après avoir été un éphémère Premier ministre dans les heures qui ont suivi l'élection de Laurent Gbagbo au pouvoir, dans des conditions calamiteuses en 2000, le natif du Moronou a été confiné à la tête de l'ancien parti au pouvoir sans véritable pouvoir durant les dix années de Laurent Gbagbo au pouvoir. Après la chute du régime Gbagbo en 2011 dans les mêmes conditions que son accession au pouvoir, Affi N'Guessan fera un petit détour en prison. À
Bien avant, comme l'enfant prodigue de la Bible, il ira faire son acte de contrition, espérant se faire accepter à défaut de se faire adouber
« En lisant entre les lignes politiques, l'on se rend compte qu’Affi N'Guessan est en train de repartir vers Gbagbo avec sa coquille vide. Après avoir pris acte de l'appel insurrectionnel de Bonoua, lancé par Laurent Gbagbo, nul doute qu’Affi N'Guessan qui aime être le porte-parole des projets subversifs, ira proposer ses services à Laurent Gbagbo. Bien avant, comme l'enfant prodigue de la Bible, il ira faire son acte de contrition, espérant se faire accepter à défaut de se faire adouber »
sa libération en 2013, l'homme qui était l'un des thuriféraires de l'ancien régime, semble avoir été visité par la raison après son séjour carcéral. Là où ses autres camarades optaient pour une opposition radicale, violente et sans aucune concession tant que Laurent Gbagbo n'est pas libéré, lui, décida de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide et privilégia la discussion avec le nouveau pouvoir. Il sera excommunié et ostracisé par les "Gbagbo Ou Rien" pour qui il était un "traître" à la merci du pouvoir. Devant les juridictions, Affi a gagné la bataille de la légitimité. En 2021, alors qu'on s'attendait à ce que Laurent Gbagbo, qui est sorti de prison, batte le rappel des troupes avec un appel à l'unité, l'ancien président décida de mettre fin au bras de fer juridique qui l’oppose depuis plusieurs années à son ancien Premier ministre pour le contrôle du FPI, en créant une nouvelle formation politique.
Cette année, Affi N'Guessan venait de se rendre compte que son avenir politique est désormais en jeu. En 2023, lui et le quarteron de cadres qui lui sont restés fidèles, décident de nouer un partenariat avec le RHDP. Malgré les concessions à lui faites dans la région du Moronou où le RHDP avait décidé de ne pas aligner de candidat afin d’offrir toutes les chances à son "partenaire", Affi N'Guessan se fera laminé par une femme. Manifestement, c'est ce jour qu’il a dû se rendre compte que le FPI est véritablement une coquille vide entre ses mains et son nom n’emballe nullement les populations. Surtout dans cette région où la désobéissance civile décrétée par le CNT en 2020, a fait de nombreux morts. Au regard de cette déculottée, de l'environnement qui s'est instauré après 2020 où il s’est rendu compte qu’il a été le dindon de la farce CNT et après le retour de Laurent Gbagbo au pays, Affi N'Guessan ne peut que s'en prendre à Affi N'Guessan. Si lui qui a été le porte-parole du CNT qui a manqué de peu de renverser le régime RHDP, a été accepté par le même RHDP dans le cadre d'un partenariat, il aurait dû faire une lecture élémentaire de ce qu'il gagnerait beaucoup plus, s'il se maintenait dans ce partenariat.
En faisant le choix de casser ce partenariat, Affi N'Guessan vient d'ouvrir la boîte de Pandore qui sonnera sans aucun doute le glas de son extinction politique en Côte d'Ivoire. En lisant entre les lignes politiques, l'on se rend compte qu’Affi N'Guessan est en train de repartir vers Gbagbo avec sa coquille vide. Après avoir pris acte de l'appel insurrectionnel de Bonoua, lancé par Laurent Gbagbo, nul doute qu’Affi N'Guessan qui aime être le porte-parole des projets subversifs, ira proposer ses services à Laurent Gbagbo. Bien avant, comme l'enfant prodigue de la Bible, il ira faire son acte de contrition, espérant se faire accepter à défaut de se faire adouber. Voici ainsi résumée la démarche de crabe du président Affi N'Guessan après la fin du partenariat. Au même moment, il sait en son for intérieur que son ancien patron Laurent Gbagbo et tous ceux qui l'entourent, ne sont pas dupes. En politique, on ne dit jamais, jamais ! Mais il sera difficile pour des caciques comme Damana Pickass, Koné Katinan, Stéphane Kipré et surtout la ‘‘Grande Royale’’ Nady Bamba d'accepter Affi, même si Gbagbo le leur demande. Au cas où la porte de Laurent Gbagbo lui est fermée, il n'est pas exclu que l'ancien Lion du Moronou, devenu un chat après les dernières élections locales, décide de se rapprocher de Simone Gbagbo comme un enfant et son joujou à la recherche désespérée de camardes de jeu. Dans tous les cas de figure, Affi est en train de rabattre ses cartes et continue de consulter les oracles pour savoir vers où il pourrait se diriger avec sa coquille vide.
KRA Bernard