Woubi : on fait quoi concrètement ?





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Woubi ? Wobou ! s’exclamerait en guise d’indignation, un habitant de la cité du fromager, en plein cœur de la région du Goh, au centre-ouest de la Côte d’Ivoire. On pourrait dire sapristi ! pour être dans la modernité. Mais attention ! Le « woubisme » n’est pas un état d’esprit qui s’inscrit dans un cadre moderne, lequel impulserait le développement tant recherché par nos Etats. Le pratiquant du « woubisme » est un offenseur de ce qui fait la base du développement : la culture.

Woubi ? Safroulaye ! s’indignerait un authentique habitant du nord ivoirien pour marquer son grand étonnement devant le matraquage de sa culture. Parce que le woubi fait partie de ce que l’opinion publique ivoirienne appelle par décence et pour ne pas avoir à dire son nom d’origine le « club rouge ». Un club jusque-là fermé mais qui s’est largement ouvert ces dernières années et qui défie à visage nu, la famille, créature de Dieu.

Woubi ? Mouéééé ! hurlerait un Akan du centre, de l’est et du sud ivoirien en se bouchant les oreilles pour ne pas avoir à entendre à nouveau un tel nom profanateur. Les bonnes moeurs sont toutes aussi importantes que les bons usages. Leur préservation et leur perpétuation sont laissées en héritage d’une famille à une autre, d’une génération à une autre. C’est ce qui justifie le bouclier dressé autour d’eux et que nul n’a le droit de tenter de briser.

Woubi ? Dépléwa ! s’écrierait la femme ou l’homme venu de l’extrême ouest ivoirien avec les gestes de contrariété qui vont avec. Une sensation de dégoût et un sentiment d’aversion vis-à-vis d’une pratique sociale épouvantable. Pour dire : cherchez encore si vous voulez réellement développer la nation ! Car ce n’est pas dans un « club rouge », club de scènes effroyablement répugnants que l’on réfléchit à faire avancer un pays. Ce qui est effroyable annihile la sérénité et fait perdre le contrôle.

Woubi ? C’est un étrange inconnu. Un loup dans l’enclos, cette immense chapelle où dorment dans un bouillonnement spirituel, les us et coutumes, les valeurs familiales et culturelles d’une société qui a rendez-vous pour le donner et le recevoir. Que deviendra cette société si elle venait à ouvrir imprudemment les portes de cette muraille pour laisser s’y incruster le loup destructeur et profanateur ?

Faites le tour de nos régions. Demandez aux sages. Ils ne trouveront pas de mots locaux authentiques à coller au phénomène du woubi. Parce que ça n’existe pas chez eux. Pas seulement que ça n’existe pas, ça ne fait pas partie de leur mode de vie. Quand ils en entendent parler, ils dépriment. Et demandent aux mânes célestes de ne jamais les amener à croiser un jour une telle abomination. La colonisation leur a tout arraché. Des siècles après, ils tentent de recoller les morceaux, tant bien que mal. Ce n’est pas le moment de venir leur imposer un modèle emprunté qui n’aura d’autre but que de déstructurer le tissu social dangereusement effiloché qu’ils s’évertuent à rapiécer. Pour leur bien-être.

Le monde n’est plus un. Il est pluriel. Il serait, de ce point de vue, mal indiqué d’avancer la provenance de l’argent (prêts) pour notre développement comme argument imparable à l’introduction du « woubisme » dans notre jardin secret. Il est aujourd’hui possible à tout Etat courageux et visionnaire de réfuter de l’argent ou toute aide conditionnée par le développement des déviances morales. Il existe aujourd’hui deux planètes : la planète des transgressions et de la mise à l’écart des valeurs traditionnelles et celle qui promeut ces valeurs impactantes. De sorte que si l’on te refoule à l’ouest, l’instant d’après, tu es à l’est.

C’est peut-être facile à dire mais les gouvernants ont justement le devoir de rendre les choses faciles. Au reste, quel pouvoir économique ou quel bailleur économique privé ou même quel marché peut-il rejeter de nos jours une demande de crédit d’un Etat parce que celui-ci serait contre la pratique homosexuelle ? Apparemment, il n’y a que ceux qui ont la peur au ventre qui se triturent les méninges. Le choix est clair et ne souffre aucune ambiguïté. On ne peut pas, au nom de cette peur, désacraliser tout, vandaliser les cases sacrées de nos terroirs, déshumaniser la jeunesse, l’école du savoir et détruire la cellule familiale.

A celles et ceux qui hésitent encore à opérer le choix qui vaille, rappelons-leur que l’Occident n’a pas eu peur de s’attaquer aux valeurs sociales universelles pour imposer son « woubisme » et, dans le même temps, rejeter avec toutes ses forces, les valeurs qui fondent notre être d’Africain comme la polygamie. N’ayons pas peur, à notre tour, de fermer la porte au « woubisme ». Parce qu’il n’est pas dans nos traditions. De même que nous avons pris des choses venues de chez eux, de même nous faisons droit à notre droit de biffer sur la liste des comportements à promouvoir, le « woubisme ».

Il n’est pas séant de renvoyer dos à dos ceux qui poussent dans le dos à la destruction des nations du Sud Global, dont la nôtre, à travers l’instauration du « woubisme » et ceux qui défendent leur culture, la consolidation de leur nation en rejetant sans faiblesse cet écart de comportement. Le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), par la plume de sa courageuse présidente, a essayé de « faire quelque chose ». Pas mal, peut faire mieux. Le sujet semble très délicat. La marche se fait sur de petits œufs. On la comprend. Dans une affaire où le gouvernement n’ose prendre ni la ligne droite ni la ligne courbe et laisse faire, il n’y a pas à se mouiller complètement. Pourvu seulement que d’ici là, la société ivoirienne ne soit pas entièrement prise au cou par le « woubisme ». Saké !

Abdoulaye Villard Sanogo

 

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