Univers des morts (Acte 2) : les mystères affrontés par un chauffeur de corbillard en douze ans de service





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Ce chauffeur de corbillard avec 12 ans d'expérience évoque les mystères de son secteur d'activités



Dans le milieu mortuaire, un véhicule spécial est réservé aux morts. Il s'agit du corbillard. Jean Noël Kpolo, connu sous le pseudonyme de 'Taureau'', dit avoir transporté des morts durant douze ans.

Dans une interview accordée à pressecotedivoire.ci, le dimanche 18 août 2024, dans son village natal Kokouézo sur l'axe Gagnoa-Sinfra, Jean Noël Kpolo révèle les mystères de ce secteur d'activité. C'est que l'exercice de ce métier a impacté sa vie de couple.

« A mes débuts dans le domaine des pompes funèbres, il ne m'était pas permis qu'une femme qui faisait ses menstrues passe la nuit à mes côtés. C'est sur recommandation d'un chef sénoufo. Dans la chambre-salon que je louais au Quartier soleil à Gagnoa, ma femme dormait donc au salon quand elle était dans cette période », fait-il savoir d'entrée.

Notre interlocuteur a par la suite dévoilé un principe de base à respecter, selon lui, avant d'accéder à une morgue. « L'entrée d'un chauffeur dans une morgue ne se fait pas de façon hasardeuse. Il doit nécessairement taper à la porte. Ceux qui ont des yeux mystiques disent que la position d'un corps est changeante. Il arrive même qu'un corps ait des yeux ouverts », révèle-t-il.

En dehors de la morgue, ''Taureau'' a vécu des situations insolites. L'une d'entre elles était au centre de nos échanges. « En sortant un jour de la morgue du centre hospitalier régional de Gagnoa avec un corps, le corbillard que je conduisais s'est éteint subitement dans les environs de la cathédrale Sainte Anne. J'ai pensé à une panne comme d'habitude mais les efforts du mécanicien pour remettre le véhicule en marche ont été vains. J'ai donc demandé à un collègue en partance pour Abidjan de déposer le corps dans le village où je devais me rendre moyennant la somme de 20.000 FCFA. Curieusement, dès que le cercueil a été transféré dans le corbillard de mon collègue, le mien s'est allumé à nouveau », raconte-t-il en mentionnant qu'il a déjà passé des nuits à plusieurs reprises dans un corbillard dans les environs de la ville d'Abidjan dans le cadre de ses missions.

 

La fleur de l'âge n'est pas, à l'en croire, un âge propice pour conduire un corbillard. « Je déconseille aux jeunes détenteurs d'un permis de conduire d'être chauffeur de corbillard. Ce n'est pas une activité de jeunes. D'ailleurs, ils risqueront de faire des pratiques occultes. A l'époque, il y avait 17 propriétaires de pompes funèbres dans la seule ville de Gagnoa. Aujourd'hui, seuls 2 sont en vie », a-t-il averti.
 
Non sans expliquer que le salaire des conducteurs de corbillards dans les pompes funèbres privées est faible. Cependant, des parents des défunts, généreux et satisfaits de leur travail, n'hésitent pas à leur donner des pourboires.

Touré Boa

Correspondant régional

NB : Dans l'Acte 3 de l'Univers des morts, nous ferons parler un fabricant de cercueils.     

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