Lassane Zohoré, président sortant et candidat à la présidence du GEPCI
A quelques heures de l’ouverture du 6e congrès du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), le président sortant et candidat à sa propre succession, Lassane Zohoré, fait le bilan du mandat écoulé et décline les grandes lignes du chantier qu’il entend réaliser pour redonner au secteur de la presse, du respect et de la considération.
Président Zohoré, le GEPCI organise son 6e congrès du 20 au 22 juin 2024 à Grand-Bassam. Sous quel signe placez-vous ces assises ?
En effet, le Gepci en est à son 6e congrès ordinaire et le thème retenu cette fois-ci est : « Quelle stratégie pour la viabilité des entreprises de presse en Côte d’Ivoire ? ». Ce n’est un secret pour personne, la presse imprimée traverse des difficultés énormes en ce moment et nous sommes à la recherche de stratégies pour la relancer. Citer ici tous nos problèmes et les causes risque d’occuper plusieurs pages. Nous ne voulons pas non plus pleurer sur notre sort, mais plutôt rechercher nous-même, des pistes de solutions. Ce congrès servira de tremplin pour réfléchir et trouver des voies et moyens pour venir à bout de nos difficultés. Et cet objectif ne peut être atteint que dans l’union et la solidarité.
Combien de candidatures ont-elles été enregistrées ?
Nous en avons eu deux, mais le Gepci est une famille. J’ai approché mon jeune frère Tra Bi Charles que j’admire pour son dynamisme et sa fougue. C’est lui que je devais affronter dans les urnes, mais nos discussions ont abouti à un consensus et nous irons au congrès en rang serré. Je saisis cette opportunité pour remercier encore mon jeune frère. Car avec tous les nombreux problèmes auxquels les éditeurs font face, seule l’unité au sein de notre organisation commune peut nous permettre de relever tous les défis qui se dressent devant nous. Et c’est ce que nous avons réussi à préserver.
Président, pouvez-vous nous dresser le bilan de votre mandat écoulé ?
Trois ans, ça passe vite. J’ai pris la tête de l’organisation dans une période très difficile. Pendant mon mandat, nous avons manqué cruellement de moyens pour réaliser tout notre programme. Mais nous avons quand même réussi à relever quelques défis. Tenez ! En 2021 avec l’appui du FSDP, l’une de nos activités phares “L’Ecole du Gepci” a continué de former des journalistes ainsi que des caricaturistes et des infographistes, etc. Mais avec la liquidation de cette structure, elle n’a pu se poursuivre en 2022.
En 2023, l’ISTC et le GEPCI ont mis en place un programme de formation diplômant des patrons de presse appelée “Exécutive master en Management des entreprises des médias” dont la première promotion est composée de 10 auditeurs. Cette année, 20 autres éditeurs suivent cette même formation.
Il y a eu aussi la situation de l’apurement des arriérés de paiement des recettes de vente des journaux dûs par Edipresse. Souvenez-vous, les éditeurs ont failli organiser des journées presse morte, n’eut été l’intervention du ministre de la Communication, puis de l’Agence de soutien et de développement des médias (ASDM). À la suite de cette crise, un groupe de travail a été installé où toutes les grandes préoccupations de notre secteur sont discutées.
Nous avons également obtenu l’assouplissement des conditions de paiement des cotisations sociales à la CNPS. La pression était très forte sur les entreprises de presse, mais nous avons réussi à désamorcer cette bombe.
Nous avons réussi enfin à négocier avec le Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN), un accord pour la couverture de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Si on parle de la réussite de cette compétition, c’est aussi grâce à nos journaux, sans mépriser le travail effectué par le comité d’organisation. Bref, d’autres actions ont été menées, mais voici pour l’essentiel.
Pour le nouveau mandat, quel objectif visez-vous ?
Il reste encore beaucoup de chantiers. Comme le souligne mon slogan de campagne “Ensemble, redorons l’image de marque des entreprises de presse”, j’invite les patrons de presse à s’unir pour redonner du respect et de la considération à notre secteur d’activité. Je déroule mon programme en plusieurs points. Je demande à l’Etat de soutenir la résilience des entreprises de presse par des décisions fortes. Je compte me battre avec l’équipe que je mettrai en place pour restaurer et moderniser le réseau de distribution. Nous continuerons de négocier avec la DGI et la CNPS. Nous allons explorer d’autres voies et moyens pour financer nos activités, nous allons mobiliser des ressources additionnelles pour les entreprises de presse et nous comptons négocier avec les GAFAM. Je sais ce que vous vous dites à ce sujet, mais ce n’est pas impossible.
Quel appel voulez-vous lancer à l’endroit des éditeurs ?
Je demande à tous les éditeurs de presse de prendre une part active à ce congrès, car il y va de l’avenir de notre secteur. C’est vrai que notre secteur connaît d’énormes difficultés, mais il n’existe pas de problème sans solution. Et un problème sans solution est un problème mal posé. J’espère que nous serons nombreux à Grand-Bassam.
N. Y.