Un peu partout, sur les terrains de football, les joueurs se blessent. Et la saignée n’est pas près de s’arrêter. En cause, le calendrier FIFA, allongé spécialement cette année 2023 pour tenir compte du grossissement du nombre de pays devant prendre part à la fête du football mondial. C’est que de 32 nations attendues tous les quatre ans pour la phase finale, le Mondial 2026 en accueillera 48. Soit un surplus de 16 nations.
Si la décision de la FIFA peut être saluée en ce qu’elle tente de satisfaire tous les pays du monde au regard de la qualité du foot qui se développe sur la planète terre, elle ne va pas sans conséquences pour les équipes nationales, les clubs, les supporters et les joueurs. Ces derniers, faiseurs de spectacle, se retrouvent à jouer trop de matches. Ce qui, comme le monde entier s’y attendait, provoque chez eux des blessures à n’en point finir. Et, apparemment, personne ne peut arrêter cette casse…des pieds.
En dehors du Mondial, les athlètes jouent déjà beaucoup de matches avec leurs clubs respectifs. Championnat, coupe, super coupe (continental et mondial). Et dans certains pays, deux ou trois types de coupe. A cela, il faut ajouter les rencontres avec leurs sélections nationales. C’en était déjà trop et malgré l’omerta imposée par l’éthique de la FIFA, les équipes, les coaches et de nombreux joueurs avaient commencé à grogner.
Voilà qu’arrive le Mondial avec 48 équipes désormais. Pour être qualifiée, l’équipe nationale d’un pays donné devra disputer plus de matches que par le passé. Ce qui, évidemment, rend la tâche des grands joueurs du monde encore plus rude. Et comme ce ne sont pas des robots mais bien des humains dotés de corps et d’esprit exposés forcément à une certaine fragilité, ils en viennent à perdre cet équilibre vital. Et bonjour la casse…des jambes. Et fin du spectacle.
Qu’on se le tienne pour dit ! L’amour qu’elle aurait pour l’humanité et un certain désintéressement ne sont pas les seules raisons qui ont conduit à la décision de la FIFA de passer de 32 à 48 équipes. A la tête de la FIFA, on le sait depuis toujours, il y a des businessmen. C’est d’abord et avant tout une affaire de gros sous. Plus on étend le Mondial à de nouveaux pays, plus il y a des annonceurs et mieux se porte le porte-feuille du gardien du football mondial. Si la FIFA était un pays, il serait sans doute le plus riche au monde. D’ailleurs, n’impose-t-elle pas sa dictature à toutes les nations ?
Toutefois, si elle n’y prend garde, si l’instance du foot mondial ne prend pas le taureau par les cornes pour trouver une solution palliative à cette question fondamentale du trop plein de matches, elle pourrait ravaler ses propres vomissures. Les coaches et les joueurs ne pourront pas rester longtemps encore les bras croisés. Quant aux clubs, ils sont révulsés à l’idée de devoir se passer des services de leurs meilleurs joueurs et de rater l’atteinte de leurs objectifs de début de saison.
Ne l’oublions pas. Comme les dirigeants de la FIFA, les responsables des clubs font également du business. A la fin de chaque exercice, il leur faut faire un bilan. Et aucun entrepreneur ne se satisfait d’un bilan négatif. Quand l’heure de demander des comptes à la FIFA va sonner, rien n’empêchera même des équipes ennemies d’aller à l’accouplement. Et ce sera à raison car, tant que ce calendrier fou ne sera pas amélioré, même si l’on s’appelle Real Madrid et que l’on a un préparateur physique de renommée internationale appelé Antonio Pintus, on regardera ses joueurs tomber les uns après les autres. Le regard vide.
Abdoulaye Villard Sanogo