« La guerre ce n’est pas bon, ce n’est pas bon »





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Il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. L’émiettement de la gauche ivoirienne est le fruit de la guerre que la Côte d’Ivoire a connue et qui a sapé ses fondements. Mais l’effilochage de cette gauche naguère redoutable est à mettre aussi et surtout au compte de son leader qui n’a pas montré sa dextérité habituelle au moment de la résurrection.

Nombre de spécialistes continuent à penser qu’à sa sortie de prison de La Haye, Laurent Gbagbo aurait dû, une fois arrivé à Bruxelles, décrocher son téléphone et appeler tous ses camarades de la gauche restés au pays pour leur tenir à peu près ce langage : « Je suis sorti de prison. Dieu merci. Je rentre bientôt au pays. Apprêtez-vous. Nous allons reprendre ensemble la lutte là où nous l’avons laissée ». Il est sûr et presque certain que s’il avait donné ce message à chacun d’eux, il les aurait galvanisés et ils se seraient mis ensemble pour l’attendre.

Et, croyez-moi, on les aurait vus ensemble, à l’aéroport, attendant le leader naturel, sourire aux lèvres, se tapant sur les épaules, se taquinant, se racontant des blagues. Et ils auraient envoyé au monde cette image dont beaucoup rêvent toujours : Laurent Gbagbo et ses camarades politiques main dans la main, quittant l’aéroport pour son domicile, à son retour au pays après un procès de dix ans à La Haye.

Au lieu de cette démarche somme toute logique, le leader naturel, (malgré ces années passées loin du théâtre des opérations politiques, pensait toujours au terrain politique), a choisi une tout autre voie qui a poussé tout le monde à la renverse. La surprise était grande, à la hauteur et à la dimension de la grosse attente. Il s’ensuit du coup une telle déception que de nombreux sympathisants ont dû ranger leurs « armes de guerre » (la politique est une forme de guerre) pour ne plus les sortir.

C’est ce qui explique, selon des spécialistes, le fort taux d’abstention observé dans les bastions de la gauche lors des élections locales du 2 septembre dernier.

« Si le parti de Laurent Gbagbo est divisé en quatre et que l’alliance du bout qu’il a gardé avec le PDCI fonctionne à peine, pourquoi perdre son temps à aller s’aligner sous le soleil pour une cause déjà entendue ? », se sont convaincus nombre de ses partisans qui ne sont pas allés accomplir leur devoir civique.

« La guerre, ce n’est pas bon ce n’est pas bon », avait chanté l’instituteur-comédien-chanteur congolais Zao. La guerre est passée en Côte d’Ivoire, a fait des ravages dont le traumatisme constaté chez tout le monde et a fait prendre de mauvaises décisions aux effets incalculables.

La guerre ? En France aussi, la guerre en Ukraine a poussé le pays de Macron, suivant en cela les autres nations rangées derrière le pays de Zelensky, à se faire hara-kiri. Ainsi en est-il de l’équipe nationale de basket-ball qui, parce que privée de son meilleur meneur de jeu, a été piteusement éliminée dès le premier tour de la coupe du monde FIBA 2023 qui se déroulait du 25 août au 10 septembre 2023, conjointement aux Philippines, au Japon et en Indonésie.

Pour leur premier match, les co-équipiers du capitaine Nicolas Batum ont été sévèrement corrigés par les Canadiens sur le score sans appel de 95 à 65. Alors qu’ils visaient le titre et qu’ils comptaient se débarrasser des pauvres Lettons lors du match suivant, ceux-ci ont fini par venir à bout des joueurs français 88-86. Cette élimination a fait sortir de ses gonds Nicolas Batum qui a fustigé la politique française qui a sanctionné l’excellent meneur de jeu Thomas Heurtel, joueur qui a signé au Zenith Saint Petersbourg en Russie, artisan de la finale de l’Euro-basket 2022.

Les joueurs de l’équipe qui connaissent sa force de pénétration et son habileté dans la distribution des balles, ont fait des pieds et des mains pour que cette sanction politique soit levée avant le début de la coupe du monde 2023 mais la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, n’a pas voulu entendre raison. Et la France, vice-championne d’Europe de la discipline, est revenue à la maison dès le premier tour éliminatoire.

C’est pour cette raison qu’avant les Jeux olympiques de Paris 2024, Nicolas Batum est revenu à la charge : « On a besoin de tout le monde à Paris. On a besoin des meilleures conditions. On a besoin de tout le monde. J’en ai rien à foutre de ce qui est politique ou je sais pas quoi. Il nous faut une équipe de France possible ». Mais ce sera peine perdue puisque la ministre Amélie Oudéa-Castéra lui a répondu sèchement qu’il n’est point question de revenir sur cette décision. La guerre, ce n’est vraiment pas bon. Elle aveugle et pousse à commettre des bévues. Ici ou ailleurs.

Abdoulaye Villard Sanogo

 

 

 

 

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