Le Grand Abidjan grouille de moustiques. Ces petits insectes, on le sait, se plaisent dans des eaux dormantes. A la recherche de sang pour se nourrir, ils se retrouvent aujourd’hui partout où, bien évidemment, ils peuvent avoir de quoi se goinfrer. Ainsi les voit-on fourmiller dans toutes les habitations du Grand Abidjan y compris les bureaux administratifs de Grand-Bassam, Koumassi, Marcory, Cocody, de la Riviéra, du Plateau etc.
Les scientifiques enseignent qu’ils sont de très mauvais compagnons. Leurs piqûres causent dans un premier temps de vives démangeaisons avant de provoquer des maladies infectieuses comme le paludisme, la fièvre jaune, la dengue. Pour arrêter ces maladies tueuses des bras valides, des campagnes de sensibilisation sont menées tous les ans afin d’amener les populations cibles à utiliser principalement les moustiquaires imprégnées et à rendre sain leur environnement.
Si ces campagnes sont plus ou moins suivies eu égard aux résultats dévoilés par le gouvernement, il reste que le paludisme fait toujours la course en tête au niveau des causes des consultations en Côte d’Ivoire. Le paludisme a aussi, selon des spécialistes, le taux de mortalité infantile le plus élevé. Même si de 3.332 décès en 2017 l’on est passé à 1.641 décès en 2020, le chiffre des malades de palu n’arrête pas de grimper.
C’est dire qu’il faut non seulement continuer la sensibilisation pour qu’il n’y ait plus de décès de palu mais il faut aussi faire en sorte qu’il y ait de moins en moins de malades. Car les moustiques sont partout et ne piquent pas seulement dans les lits. Ils sont dehors, dans les jardins, aux balcons et sur les terrasses des maisons, dans les airs, dans des nids. Dans ces différents endroits prisés par les populations, la moustiquaire imprégnée n’est pas usitée. De sorte que le moustique continue son festival sans réel danger pour lui.
Pourquoi, dans de telles circonstances, ne pas utiliser une méthode somme toute très efficace qui a déjà fait ses preuves ici ? Il s’agit de la pulvérisation des espaces publics et privés par voie pédestre et aérienne. On a déjà vu des campagnes contre la prolifération des moustiques menées par des hommes et des femmes, machines au dos, allant de quartier en quartier et procédant à une démoustication des espaces. On a déjà vu aussi des avions de chasse faire ce travail avec une efficacité redoutable sur les moustiques tigres.
Il paraît que cette méthode est dispendieuse. C’est la raison pour laquelle l’Etat n’y a plus recours. A supposer qu’elle coûte 50 à 100 milliards FCFA au contribuable ivoirien. Mais que vaut cette somme devant l’immense bonheur que cette contre-attaque va procurer aux populations qui vont vivre bien et mieux sans moustiques chantant dans leurs oreilles chastes et annonçant leur malheur ?
Abdoulaye Villard Sanogo