PPA-CI : la frilosité politique à l’épreuve de la réalité des élections





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Le Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) est dans les starting-blocks pour les élections régionales et municipales du 2 septembre 2023. Pour ces consultations, le premier responsable de ce parti, l’ancien président Laurent Gbagbo a rendu publique, la liste de ses candidats. Ce sont au total, 22 cadres du PPA-CI qui vont concourir pour les régionales et 130 pour les municipales.

Au-delà du jeu électoral, ces élections vont permettre au PPA-CI de tester son ancrage sur l’ensemble du territoire national. Ceci est donc un bon exercice pour un parti qui tente de se réinventer après avoir géré le pays pendant dix ans. Seulement voilà. Avant même que la Commission électorale indépendante ne lance le processus des élections, Laurent Gbagbo et son PPA-CI sont dans une posture qui frise indiscutablement la logique des mauvais perdants. En effet, lors de la présentation de ses candidats, la Direction du parti a lancé également, une cellule dite anti-fraude dénommée « Sentinelle Anti-Fraude électorale » (SAFE). Dans chaque parti politique, il existe une structure en charge de la gestion des questions électorales, y compris le traitement de la question de la fraude électorale. Ce qu’a fait Laurent Gbagbo, n’est donc pas un fait nouveau en politique. Le seul hic dans l’affaire, c’est le débat qui se fait autour de la création de cette structure anti-fraude. Les discours qui ont été tenus au lancement de cette cellule, le vendredi 5 mai 2023, au Palais de la Culture, laissent clairement entrevoir que le PPA-CI suspecte déjà, des manœuvres de fraudes, avant même le lancement de la compétition. C’est l’avocate, Me Habiba Touré, celle qui a été cooptée pour diriger cette cellule, qui en donne des indices suffisamment révélateurs. « Notre réel adversaire est la fraude électorale. Lorsqu’on travestit un processus électoral, la fraude vole le peuple de la pire des manières, elle vole sournoisement le choix du peuple et de ce fait, elle confisque son avenir (…)  Qui peut croire à la réalité d’une victoire électorale lorsqu’il y a plus de votants que d’inscrits, lorsqu’on élimine certains candidats, lorsqu’on empêche des électeurs de voter ou lorsque certains subissent des violences du fait de leur obédience politique », a-t-elle indiqué. Comment peut-on parler de plus de votants que d’inscrits, alors que la liste électorale provisoire n’est même pas encore disponible ? Comment peut-on parler d’empêchement de vote, alors qu’aucun scrutin, même de simulation, n’est organisé ? Comment peut-on parler d’élimination de candidats, alors que le processus de dépôt des candidatures n’est pas encore lancé ?

 

Me Habiba Touré, ‘‘Madame Anti-fraude’’ de Laurent Gbagbo, doit savoir que le réel adversaire du PPA-CI aux élections locales du 2 septembre 2023, n’est pas une hypothétique fraude électorale, mais le manque de candidats de son parti dans 9 régions et 72 communes.

 

Il ne faut pas se méprendre, Laurent Gbagbo et son parti sont en train de préparer les esprits à la contestation des résultats qui sortiront des urnes, au soir du 2 septembre 2023. Voici un parti politique qui n’arrive même pas à trouver des candidats pour couvrir toutes les circonscriptions électorales du pays qui parle déjà de fraude. Sur les 31 régions que compte le pays, le PPA-CI n’a trouvé des candidats que pour 22 régions. Sur 201 communes, Gbagbo et son parti n’ont trouvé des candidats que pour 129 communes. Pour les régionales, le PPA-CI part déjà avec 9 régions perdues, avant même le début du processus électoral. Pour les communes, le PPA-CI part déjà perdant dans 72 communes. Voici la vraie réalité que Laurent Gbagbo et ses lieutenants veulent cacher. Me Habiba Touré, ‘‘Madame Anti-fraude’’ de Laurent Gbagbo, doit savoir que le réel adversaire du PPA-CI aux élections locales du 2 septembre 2023, n’est pas une hypothétique fraude électorale, mais le manque de candidats de son parti dans 9 régions et 72 communes. C’est ça qui est la vérité, comme aimaient à le dire, les ex-jeunes patriotes. Étant maître dans l’art de la roublardise et de la manipulation politique, Gbagbo, au lieu de préparer le peu de candidats qu’il a pu avoir pour ne pas sortir ridicule des élections au soir du 2 septembre prochain, jette toute son énergie sur un brumeux dispositif anti-fraude. À l’analyse, Laurent Gbagbo qui proclame urbi et orbi qu’il est un enfant des élections, a une vraie hantise des élections. Et cela date de 1990. Lors de la première élection présidentielle organisée en Côte d’Ivoire, après le retour au multipartisme, Laurent Gbagbo avait obtenu 18% des suffrages face à Félix Houphouët-Boigny et son parti quasi-état du PDCI-RDA de l’époque. L’on a encore en mémoire, que face au Père fondateur, Laurent Gbagbo avait crié à la fraude. Cinq années plus tard, en 1995, Laurent Gbagbo qui était en alliance avec le RDR, avait encore parlé de fraude et a boycotté l’élection présidentielle. En 2000, après un arrangement politique qui a éliminé les candidats les plus sérieux, Laurent Gbagbo, ayant été élu dans des conditions calamiteuses, comme il l’a lui-même reconnu, avait encore parlé de fraude. The last but not the least. En 2010, étant le président en exercice et ayant été battu à plate couture, Laurent Gbagbo a encore parlé de fraude et a entraîné son pays dans une sanglante crise post-électorale qui occasionné 3000 morts. Après douze années d’absence sur le terrain politique, le même Gbagbo revient encore dans le jeu électoral, cette fois-ci, avec un nouvel appareil politique. Et avant même les phases préparatoires des élections, lui et son parti parlent à nouveau, de fraude. Quel est donc cet homme politique qui se dit enfant des élections et qui à chaque élection, depuis 1990, parle seulement de fraude, au pouvoir comme dans l’opposition ?  À la vérité, il faut retenir une chose : Laurent Gbagbo et son parti sont animés par une frilosité politique qui est devenue pathologique et semble avoir pris le contrôle de leur ADN. Ni plus, ni moins.

 Kra Bernard

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