Sur les centaines de milliers de jobs créés ces dernières années en Côte d’Ivoire, plus de 80% concernent le privé. Dès sa nomination, l’une des actions-phares du Premier ministre a été de mettre ce secteur au centre de la politique d’emploi. À raison d’ailleurs. Les exonérations fiscales accordées aux employeurs, les rencontres tripartites État – patronat - travailleurs, l’augmentation du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), la revalorisation des minima catégoriels conventionnels sont autant de mesures qui montrent le changement de regard des autorités vis-à-vis d’un secteur laissé pour compte. Peut-être un peu trop longtemps. À ce jour principal pourvoyeur d'emplois en Côte d'Ivoire, le privé n’en est pas pour autant le plus enviable sur le plan salarial. À la forte domination de l’informel et ses postes précaires il faut ajouter les manœuvres dilatoires de nombreuses PME pour toujours rémunérer moins. Contrats à durée déterminée, recours aux journaliers, pression sur les délégués, etc. Autant d’artifices pour mettre le personnel en coupe réglée et étouffer les plaintes dans l’œuf. Au point que les dénonciations de contrats de misère sont devenues l’exception dans un environnement de plus en plus dominé par la demande en termes de main d’œuvre. L’État n’en est que trop bien informé. Et si des mesures existent pour mettre fin à cette situation délétère, cela n’a jamais été une priorité nationale, hélas. Des domaines tels que la distribution, la sécurité, le transport, le travail domestique, le commerce, sont les plus touchés. Les conventions y sont foulées aux pieds, au nez et à la barbe de tous. Les faîtières syndicales dénoncent l’asservissement à chaque fois qu’elles le peuvent. Mais les jours passent et se ressemblent pour ces travailleurs du privé. Si changement il devait y avoir, c’est sûrement maintenant, avec le renouveau insufflé par le Premier ministre. Ou alors rendez-vous aux calendes grecques.
Georges Dagou