Douze ans après la grave crise postélectorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire est en quête de réconciliation vraie.
Ce 11 avril 2023, il n’y aura pas de commémoration nationale de la fin de la crise postélectorale de 2010-2011 comme le fait par exemple le Rwanda tous les 7 avril en souvenir du génocide de 1994, ou les Etats-Unis tous les 11 septembre pour commémorer les attentats de 2001 sur les tours jumelles de New-York.
Ce 11 avril en Côte d’Ivoire, chaque camp fera sa célébration de la fin de la crise en 2011. Pour les uns, notamment Gbagbo et ses partisans, cette date rappelle douleur et humiliation. En effet, après cinq mois d’une guerre civile ayant causé au moins 3000 morts, l’ex-chef de l’Etat déclaré perdant de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 par la Commission Electorale Indépendante (CEI) et qui n’a pas reconnu sa défaite a été mis aux arrêts par les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) à la résidence présidentielle de Cocody avec plusieurs de ses proches dont son ex-épouse Simone Gbagbo.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé l’ex-leader de la ‘’jeunesse patriotique’’ ont été transférés à la CPI. Jugés et acquittés par cette juridiction internationale, ils ont tous les deux regagné la Côte d’Ivoire.
Pour sa part, l’ancien président de la République aujourd’hui à la tête d’un nouveau parti le PPA-CI qui se considère blanchi, estime que la CPI doit identifier les coupables des 3000 morts.
Dans le camp Ouattara, le 11 avril rappelle une délivrance. L’on s’en souvient donc comme l’accession effective au pouvoir d’Alassane Ouattara qui bien que déclaré vainqueur par la CEI, ayant prêté serment en décembre 2010 et reconnu par la communauté internationale, est resté reclus avec son gouvernement au Golf Hôtel de Cocody-Riviera parce que Laurent Gbagbo refusait de lui céder le fauteuil présidentiel du Plateau.
Ces souvenirs et ces célébrations opposées sont le signe d’une Côte d’Ivoire qui reste profondément déchirée. Une Côte d’Ivoire qui certes montre une stabilité apparente, mais qui n’est pas encore redevenue la Nation qu’elle était avant les décennies de crises de l’après-Houphouët-Boigny. Suite à la crise électorale meurtrière de 2020 qui a démontré à quel point le pays manquait encore de démocratie, l’escalade verbale actuelle entre partisans du pouvoir et de l’opposition donne des inquiétudes quant au climat qui règnera autour de la présidentielle de 2025.
Ainsi, aux souvenirs divergents énumérés plus haut, s’ajoutent les regrets des démocrates ivoiriens et du reste du monde qui ont espéré une renaissance de la Nation ivoirienne après cette grave crise de 2010-2011.
Hélas, après 12 années de gouvernance, le constat est qu’Alassane Ouattara n’a pas réussi à faire naître cette nouvelle Nation rêvée. La justice est encore accusée de n’avoir jugé que les acteurs d’un seul camp. Cette justice est aussi instrumentalisée pour exclure du jeu politique des adversaires gênants comme c’est le cas de Guillaume Soro l’ancien président de l’Assemblée aujourd’hui contraint à l’exil parce qu’il a refusé d’adhérer au Rhdp parti unifié.
Au plan économique, s’il y a eu de nombreuses d’infrastructures, la population reste dans l’attente d’une meilleure répartition des richesses nationales.
Cissé Sindou