Dénonçant une course incontrôlée pour développer et déployer des systèmes de l’Intelligence artificielle (IA) toujours plus puissants, que personne, pas même leurs créateurs qui ne peuvent comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable, plusieurs experts de l’IA réclament une pause de six mois dans la recherche. Le monde entier se fait l’écho des inquiétudes et des menaces compte tenu des performances de ces nouvelles technologies.
Les journalistes et les acteurs des médias ne sont pas que des commentateurs de ce phénomène inédit par son ampleur et ses conséquences possibles sur nos sociétés, voire nos libertés. Pour ces derniers, deux questions se posent « Faut-il laisser les machines inonder nos canaux d’information? - « Faut-il supprimer les journalistes ? ».
Ces défis vertigineux, qui concernent le monde des médias à travers le monde, touchent tous les journalistes dans un contexte de crise économique, de précarité des journalistes, de la concurrence effrénée des grands groupes qui n’ont parfois rien à voir avec les médias mais y investissent des sommes colossales pour conquérir des parts de marché et qui fragilisent plus la profession.
Un autre défi, sous-estimé, se dresse pour les journalistes : l’intelligence artificielle mouline des données conçues et sélectionnées dans le monde anglophone ; elle n’est pas culturellement neutre comme le souligne Asma Mhalla, spécialiste des enjeux géopolitiques du numériques à SciencePo et à l’Ecole polytechnique (Paris). L’utilisation de ces outils peut donc introduire des biais ou favoriser l’influence indue de certaines manières de voir ou de visions du monde. Elle constitue une « expérience culturelle » au sens large souligne Marion Carré, chercheuse et fondatrice de la société de conseil AskMona. « La question à se poser c'est : au nom de quoi a-t-on confiance en l'outil ? Il faut donc éduquer au discernement » rappelle pour sa part le directeur de la chaîne franco-allemande Arte Bruno Patino dans un tweet du 31 mars 2023.
Anne-Cécile Robert