Kader Doumbia vient de s’ajouter à la liste des proches de Guillaume Soro condamnés à 20 ans de prison ferme. Qui n’a pas compris ?
Reste-t-il encore un seul Ivoirien qui doute de l’acharnement judiciaire contre Guillaume Soro et ses proches ? Même les inconditionnels du pouvoir Rhdp savent que la justice ivoirienne joue un rôle dans la persécution de l’ancien chef du Parlement ivoirien et de ses soutiens. Sauf qu’ils s’inscrivent eux-aussi, tout comme les décideurs et commanditaires de cet acharnement judiciaire, dans la logique du règlement de compte politique. Ils sont donc nombreux à considérer d’office, que Soro et ses proches condamnés, méritent ces peines. Ils ne leur pardonnent pas leur opposition à Alassane Ouattara, surtout ceux d’entre eux qui sont des fils du Nord vus comme des traitres.
C’est donc cette guerre politico-judiciaire qui se poursuit et qui vient de se traduire par la lourde peine retenue contre Kader Doumbia ex-chauffeur de l’ancien président de l’Assemblée nationale et président du mouvement Espoir de la Génération 72, une structure qui soutient Guillaume Soro.
Ce jeudi 23 mars 2023, il a été condamné par le tribunal d’Abidjan à 20 ans de prison ferme pour ‘’détention illégale de matériels militaires, tentative d’atteinte à l’Etat, organisation d’une bande armée et trouble à l’ordre public’’. Inutile d’entrer dans le fond de ces accusations car la vérité, la vraie, est désormais connue de tous : Si tu es Rhdp et que tu soutiens Alassane Ouattara, quoi que tu fasses de grave, des juges aux ordres trouveront le moyen de te blanchir. Par contre, si tu es opposé au Rhdp, et plus grave, si tu soutiens Guillaume Soro et que le pouvoir a décidé de t’emprisonner, des juges aux ordres trouveront le moyen de te condamner. Cette appréciation peut paraître triviale, mais elle reflète malheureusement l’opinion d’une partie des Ivoiriens vis-à-vis de leur Justice.
Inutile donc, disions-nous, de s’attarder sur le volet judiciaire de cette nouvelle condamnation d’un soroïste après celles de Koné Kamaraté Souleymane dit Soul To Soul et de bien d’autres accusés restés fidèles au président de GPS, tandis que certains de leurs co-accusés comme Alain Lobognon et Sékongo Félicien ont été acquittés pour avoir abandonné l’ancien SG des ex-Forces Nouvelles. Il faut alors l’aborder sous angle politique et comprendre que contrairement aux espoirs de certains modérés qu’on trouve aussi bien dans le camp Ouattara que dans le camp Soro, l’on est loin d’une réconciliation entre les deux personnalités. En effet, cette condamnation de Kader Doumbia montre l’animosité qui continue d’animer les réels décideurs de ces peines judiciaires vis-à-vis de tout ce qui se rapproche de Guillaume Soro ou de GPS. C’est donc un coup de plus qui est donné à l’ancien président de l’Assemblée nationale en rétorsion à son opposition à Alassane Ouattara et à son régime. Mais aussi une manière de vouloir l’affaiblir en poussant, à travers une longue privation de liberté, un de ses fidèles (Kader Doumbia) à le lâcher. C’est aussi une manière de rappeler à l’exilé qu’il est que la force reste au pouvoir d’Abidjan et que son exil peut encore durer. A condition qu’il se décide enfin à faire ce que Ouattara attend de lui, à savoir faire amende honorable et rejoindre le Rhdp. Chose que Guillaume Soro refuse. Le président de GPS n’est pas fermé à un règlement politique de son différend avec le président du Rhdp, mais il refuse que cela se fasse sous un chantage et dans sa soumission. Une position que nous trouvons digne et légitime. Car, si nous pensons qu’il ne faille « pas exclure » une discussion entre Soro et Ouattara, comme le formule si bien Soumahoro Kando, cadre de GPS, nous pensons que le retour du président de GPS en Côte d’Ivoire ne doit pas être conditionné à son adhésion au Rhdp ou à l’abandon de son ambition de briguer en toute autonomie et en toute indépendance la magistrature suprême de son pays.
Cissé Sindou