Vendredi 17 février dernier, une délégation du PPA-CI conduite par le vice-président Stéphane Kipré a été empêchée de mener ses activités dans des localités de la région du Worodougou.
Ces incidents malheureux se sont produits à Kani, Tiesso et Morondo selon des informations rapportées par nos confrères de l’infodrome. Mieux, dans des vidéos qui ont fait le tour de la toile, l’on voit des jeunes s’opposer à la tenue du meeting de l’envoyé de Laurent Gbagbo à Kani. On y voit certains protestataires déplacer des chaises en plastique installées pour la rencontre.
D’autres profèrent des menaces face à Stéphane Kipré qui continue de s’exprimer malgré cette hostilité. D’ailleurs, dans l’une de ces vidéos, on entend le vice-président chargé de l’implantation du PPA-CI faire la part des choses. Il déclare que ces actes ne sont pas commis à la demande du chef de l’Etat Alassane Ouattara. Il affirme que ces actes sont posés par des jeunes manipulés par des cadres originaires de ces localités. Quoi qu’il en soit, ceux qui ont agi sur le terrain, tout comme leurs soutiens dont nous avons lu les réactions sur les réseaux sociaux, estiment que l’émissaire de l’ancien Président n’a pas le droit d’aller « insulter » Alassane Ouattara sur les terres du Nord. Ce qu’ils appellent « insultes », ce sont les critiques faites sur la gestion actuelle du pays.
Cependant, certains ressortissants de cette région se veulent plus clairs et plus francs. Pour eux, Laurent Gbagbo ou tout autre membre de son parti n’ont pas le droit de mener une activité politique dans cette partie du pays. Certains ruminent encore de vieux propos de l’ex-chef d’Etat. Alors à la tête du pays pendant la rébellion armée, celui-ci avait qualifié la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire comme étant une partie « inutile » en la comparant au sud qui était contrôlé en son temps par son gouvernement et qu’il a qualifié d’utile. « Aujourd’hui, que cherchent ses envoyés dans cette partie qu’il a traitée d’inutile », a commenté sur Facebook un soutien des perturbateurs du vendredi dernier.
Au total, sur fond de rancœurs qui remontent aux crises passées, les auteurs, commanditaires et soutiens de cette barbarie à l’encontre de la délégation du PPA-CI, considèrent que cette partie du pays, fief du Rhdp d’Alassane Ouattara, ne peut pas accueillir une activité défavorable à leur mentor. Quelle grave atteinte à l’unité de la Nation ! Que se passerait-il si des populations du Haut-Sassandra dont est originaire Stéphane Kipré, ou du Goh région d’origine de Laurent Gbagbo, agissaient autant vis-à-vis d’activités politiques du Rhdp ? Manipulés ou non, l’attitude des jeunes qui ont agi dans le Worodougou et les réactions favorables à leurs actes montrent que le pays a encore du chemin à parcourir en matière de réconciliation. C’est un nouveau signe de ce que des Ivoiriens gardent encore des rancœurs vis-à-vis d’autres Ivoiriens. Ils n’ont pas encore fait l’indispensable sursaut pour tourner les pages des crises antérieures. De même, ils n’ont pas encore accepté le nouveau départ dans une Côte d’Ivoire où tous les citoyens, quelles que soient leur région, leur ethnie, leur religion ou leur opinion politique, s’acceptent comme les fils et filles d’une même Nation.
Mieux, les faits survenus à Kani, Tiesso et Morondo, viennent encore donner raison à Henri Konan Bédié. En effet, lors de la cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny le 8 février dernier à Yamoussoukro, le président du PDCI-RDA déclarait : « …la Côte d’Ivoire peine encore à engager un dialogue franc et sincère entre tous ses fils et filles pour construire une paix durable… ». Déjà, Stéphane Kipré, depuis le Worodougou a demandé au parti au pouvoir, le RHDP, de faire une déclaration pour condamner publiquement les actes anti-républicains commis par des personnes se réclamant de lui. Cette déclaration, si elle est faite, aidera à mesurer la sincérité de ce parti à œuvrer à la vraie paix en Côte d’Ivoire.
Cissé Sindou