Augmentation du prix du Super : « Les chauffeurs sont stressés sur les routes » (Boka N’Takpé Jules, SG du Syndicat des chauffeurs VTC)





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L’augmentation du prix du Super sans plomb inquiète de nombreux transporteurs, dont les chauffeurs des VTC. Le secrétaire général du Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire (SYNACVTCCI)Boka N’Takpé Jules, qui revendique environ 26 000 chauffeurs, tire, dans cet entretien, la sonnette d’alarme sur les conséquences d’une telle situation sur ce secteur d’activité.

 

 

Pressecotedivoire.ci : Le 1er février 2023, il y a eu une augmentation du prix du Super qui est passé de 775 F le litre à 815 F. Quel est l’impact sur votre secteur ?

Boka N’Takpé Jules : Dans notre parc automobile, 98 % des véhicules utilisent le Super. Avec cette augmentation de prix, les chauffeurs sont stressés sur les routes parce qu’ils doivent travailler plus que prévu. Les défalcations au niveau des applications, n’ont pas changé, les propriétaires n’ont pas diminué leurs recettes. Conséquence immédiate, les avoirs des conducteurs de VTC sont touchés. Pour garder intact ce qu’ils gagnent, ils sont obligés de travailler deux fois plus.

 

Quel est, en l’état actuel des choses, votre manque à gagner ?

BNJ : Nous perdons environ 35 % à 40 % de nos gains. Un chauffeur peut utiliser entre 20 litres et 22 litres par jour. Quand vous multipliez par 40 F, le coût de l’augmentation, vous verrez que le manque à gagner est élevé. Sans oublier que nous sommes à la deuxième augmentation du prix du Super à la pompe en moins de 3 mois. Imaginez donc le surplus que doivent payer les chauffeurs.

 

Qu’attendez-vous concrètement de l’Etat ?

BNJ : L’Etat a déjà consenti des efforts en subventionnant le gasoil. Nous attendons de lui qu’il en fasse de même avec le Super sans plomb de sorte que cette nouvelle activité de VTC ne disparaisse pas.

 

Mais il y a aussi les start-ups, les entreprises qui détiennent les applications, il y a les propriétaires des véhicules. De ce côté, avez-vous entamé des démarches ?

BNJ : Nous menons aussi des démarches vers eux. Nous les avons même conviés pour leur demander, vu l’augmentation du prix du Super, d'essayer de revoir au niveau des défalcations qui sont faites en kilométrage. Parce que ça joue beaucoup sur les chauffeurs.

 

Que craignez-vous véritablement au cas où la hausse du prix du carburant continuerait ?

BNJ : En plus de l’impact sur l’activité elle-même, il faut savoir que ce secteur emploie de nombreux jeunes. Pour éviter que ces derniers se retrouvent à la rue et qu’on soit confronté au problème d’insécurité ou du grand banditisme, il est bon que l’Etat voie le problème en amont en prenant des mesures pour préserver les emplois.

 

Dans le temps, les taxis rouges étaient entrés en grève pour dénoncer une concurrence déloyale que vous leur faisiez. Qu’en est-il aujourd’hui ?

BNJ : Normalement, nous devons coexister. C’est vrai que nous partageons quelque part les mêmes clients, mais nous n’avons pas les mêmes modes de fonctionnement. Les taxis fonctionnent en maraude, c’est-à-dire de manière successive, ils prennent des clients. Nous, nous utilisons le réseau pour pouvoir avoir nos clients. Dès cet instant, nous pouvons cohabiter pour satisfaire les populations dans le grand Abidjan.

 

Mais ils vous reprochaient de ne pas avoir les mêmes charges qu’eux. L’Etat était même intervenu pour prendre des mesures afin de ramener le calme dans la corporation. Est-ce qu’aujourd’hui, on peut dire que les choses ont été harmonisées au niveau des charges ? En d’autres termes, est-ce que vous avez désormais les mêmes charges que les autres taxis ?

BNJ : Les taxis compteurs n’ont pas les mêmes manières de fonctionner que nous. Ils ont une mutuelle. Les mutuelles sont des associations. La leur gère leur assurance. De notre côté, nous avons de nouveaux véhicules. Nous avons des assurances tous risques. D’ailleurs, l’Etat a pris un décret qui doit entrer en vigueur. Nous sommes en train de négocier pour que ça se fasse. Mais aujourd’hui, nous payons la patente. Cet argent part dans les caisses de l’Etat. Sur les défalcations, l’Etat a son pourcentage. Je pense bien qu’à ce jour, nous payons les taxes au même titre qu’eux. Peut-être même plus.

 

Entretien réalisé par

Modeste KONE

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