Son nom est tout autant célèbre que le numéro 10 flocké sur son maillot. Le monde entier sait qu’il est le maître incontesté du ballon rond. Dans les villages les plus défavorisés et les plus reculés du monde, son nom est porté fièrement par des jeunes qui s’essaient au football sous des arbres, à la plage, sur des terrains nus. Ce célèbre nom est même associé à une coiffure spéciale que portaient nos aînés, du temps où nous étions jeunes.
Pelé, c’était un créateur, un orfèvre, un esthète. Il a tout fait et il a tout créé. Il a laissé des traces, de belles traces que les générations d’après suivent aujourd’hui encore. Bien que nous ne l’ayons pas vu jouer au ballon, nous connaissons son histoire que l’Histoire nous a racontée. Quand un tel homme vient à disparaître, le monde des humains lui rend un hommage à la hauteur de ce qu’il a apporté à la dynamique mondiale.
Et ça n’a pas raté. Le Brésil, les Brésiliens, le monde politique, le monde des affaires, le monde de la culture et bien sûr le monde sportif ont fait de ses obsèques un moment singulier qui a braqué les yeux du monde sur ce pays d’Amérique du Sud. Comme si le défunt appartenait à la fois à tous les continents. Mais, n’était-il pas le roi d’une discipline sportive transversale dont la pratique concentre toutes les attentions et passions ?
Depuis son décès le jeudi 29 décembre 2022 jusqu’au mardi 3 janvier 2023, date de son inhumation, tout ce qui était humainement possible a été fait pour rendre gai et joyeux, le départ définitif du roi. Même si, à raison, pour le patron du football sud-américain, tout ce qui a été fait «sera peu de choses comparé à ce que Pelé a fait». Oui, ce que Edson Arantes do Nacimento a fait est incommensurable, inquantifiable et innombrable.
Et c’est pour boucler la boucle des hommages que la grande famille du football mondial, à travers la FIFA, a demandé à tous les pays membres d’immortaliser Pelé à l’entrée d’un de leurs stades. «Nous allons demander à tous les pays du monde de nommer au moins un de leurs stades de football au nom de Pelé», a déclaré Infantino, lundi 2 janvier aux obsèques du roi Pelé. Pour le patron du foot mondial, «c’est une manière de rappeler à jamais dans ces stades l’émotion que le Brésilien a transmise au cours de sa carrière».
Si au Brésil le problème ne se posera pas de donner le nom Pelé au mythique stade Maracana de Rio de Janeiro parce que le projet était déjà dans les tiroirs, le processus de dénomination des stades pourrait connaître quelques difficultés ici en Côte d’Ivoire. Les deux plus grands stades du pays portent des noms de politiques qu’il ne serait pas aisé de débaptiser. Le stade du Plateau porte le nom du premier président ivoirien et le second, logé à Anyama, est estampillé du nom de l’actuel président.
Le président Ouattara acceptera-t-il d’offrir son nom en sacrifice pour satisfaire le nombreux public sportif qui verrait d’un bon œil, inscrit au fronton du stade d’Ebimpé, «Stade Roi Pelé » ? Ou alors verra-t-on disparaître le sacré nom du vieux Houphouët ? Tiens ! Peut-être que le petit stade de Yamoussoukro fera l’affaire de Pelé. D’ailleurs, qui oserait faire ce genre de propositions au chef de l’Etat ? Et si l’on profitait de l’idée de la FIFA pour prendre la décision de baptiser dorénavant nos différents stades des noms de nos valeureux sportifs ?
Laurent Pokou, Gabriel Tiacoh, Robinson Séa, Kalet Bially, Déhi Maurice et bien d’autres ne méritent-ils pas de voir leurs noms portés par des stades du pays ? Un peuple qui a de la mémoire est un peuple qui ne se perd jamais. Alors, stade Pelé, Pokou ? Vivement !
Abdoulaye Villard Sanogo