La coupe du monde de football, Qatar 2022, c’est dans quelques jours. Un grand moment pour les amoureux de ce sport, car c’est sûr que la fête sera belle. Mais il faut faire attention, c’est aussi le moment propice pour les jeunes parieurs en ligne. Car, derrière cette pratique, il y a les risques d'addiction. Un fléau qui inquiète les États.
En effet, malgré le fait que les paris sportifs soient interdits aux mineurs, sa pratique est devenue un véritable phénomène de société chez la jeunesse africaine en général et ivoirienne en particulier. Dans tous les quartiers, au quotidien, on fait des mises sur les matchs et peu importe les conséquences. S'il faut s'endetter ou piocher dans ses réserves d'argent, l'essentiel est de pouvoir parier.
« J’ai déjà eu à faire des mises de 30.000 F à 50.000 F. Depuis que je me suis inscrit, j’en suis à plus de 800 000 F de perte », nous confirme Christ, 19 ans, inscrit sur 1XBET, Sportcash et Betclic, des sites internationaux de paris en ligne. « J’ai commencé à parier parce que mes potes le faisaient », reconnaît l’élève. Tout en ajoutant : « En tout, un pari me prend en général entre 2 h 20 et 3 h 30 de temps ». Un investissement de temps assez commun chez les jeunes parieurs.
Selon Oscar, gérant de cybercafé et de pari sportif à Yopougon Maroc, 80 % des parieurs en ligne qui viennent chez lui ont entre 15 ans et 26 ans. Il pense que cette situation est due au manque de suivi des parents. « Cette génération, née avec Internet et la création des applications de jeux en ligne n’a pas peur du risque et perdre l’argent est le dernier de ses soucis », nous fait-il remarquer.
Fabrice, un étudiant en informatique de 20 ans, en est la parfaite illustration. Il dit avoir parié 50.000 F sur la victoire de la France contre l’Argentine, lors de la coupe du monde de 2018. « Lorsqu’on était mené, après le but de Di Maria, j’étais en colère, mais Dieu a été de mon côté ». Il peut le dire puisque le gain issu de ce pari lui a permis d’acheter une Mercedes C 300.
Le sport, la véritable attraction
« Les jeunes ne sont plus que des supporters. Ils marchent davantage à la tendance, au life style autour du football et des paris sportifs, un moyen légal de se faire de l’argent », explique Cédric, footballeur. D’après lui, les adolescents et jeunes adultes se passionnent pour la personnalité et les performances de tel ou tel joueur, comme Lionel Messi ou Neymar Jr.
Selon des études publiées par un journal panafricain, avec la population la plus jeune au monde (15-24 ans), l'Afrique est confrontée à un réel problème de chômage, avec un taux atteignant 25 % dans des pays. Pour cette jeunesse, qui refuse de rester inactive, les paris sportifs sont une alternative pour se faire de l'argent. Surtout que les mises (moins de 500 FCFA) qui ne sont pas élevées sont à leur portée. Et le sport, le football en particulier, très prisé sur le continuant, est devenu un véritable stimulateur. Surtout quand les idoles africaines (Mohamed Salah, Sadio Mané, etc.) ou hors du continent (Cristiano Ronaldo, Messi, Neymar Jr, etc.) sont de la partie, les paris augmentent. Au fil du temps, l'addiction s’installe et on devient fortement dépendant.
Prendre le taureau par les cornes avant la Coupe du monde
Selon les spécialistes, quand on arrive à un niveau où on emprunte de l’argent pour parier, quand on se sent obligé de parier tous les jours, ou quand on parie plus que sa bourse ne peut le supporter, on parle de joueur à risque.
S’il n'y a pas de remède miracle pour lutter contre l’addiction, les spécialistes donnent par contre des conseils pour éviter de devenir un joueur à risque. Parmi eux, on peut retenir quelques-uns : éviter de jouer plus que ses revenus ne le permettent, éviter de s'endetter pour parier, ne pas parier tous les jours, etc.
À moins d'une semaine de la coupe du monde de football, le risque d’addiction est important et chacun à son niveau doit assumer son rôle. Les parents doivent être plus vigilants, le gouvernement doit lancer la sensibilisation, les parieurs doivent se montrer raisonnables dans leurs paris.
Daniel Bini (stagiaire)