En marge de la cérémonie d’ouverture des assisses des états généraux de la jeunesse de Yakassé Attobrou, la sous-préfet d’Abongoua, Mme Yao épouse Kouassi, est revenue sur les affrontements intercommunautaires qui ont endeuillé sa localité au lendemain de la célébration de la fête de l’Indépendance.
Dans cet entretien, Madame Kouassi a étalé le motif de ces affrontements qui ont occasionné un mort et plusieurs dégâts. Elle a également fait une importante proposition dans l’optique de favoriser le vive-ensemble dans cette localité située en pays Akyé.
Votre localité a été le théâtre d’affrontement au lendemain de la fête de l’Indépendance. Qu’est ce qui s’est passé réellement ?
Il y a deux versions. Selon le ressortissant nigérien de communauté Cedeao, il y a un enfant qui venait d’acheter le riz à la boutique, et le sachet a cédé. Et voulant aider l’enfant, il a ramassé le riz pour le remettre à l’enfant, et il a pris les résidus pour pouvoir nourrir ses poussins.
Dans une autre version, trois jeunes Akyés, témoins, selon eux des faits, ils ont vu ce ressortissant du Niger qui était en train de verser une poignée de riz dans la rue pour pouvoir récupérer les empreintes de la population juste après la fête de l'indépendance. Ils ont suivi ces faits et gestes, et selon eux, le monsieur a repris ces grains de riz pour les mettre dans un sachet noir, afin de faire des pratiques occultes. Et c’est ce qui a amené ces jeunes gens à se rendre dans le kiosque du nigérien pour réclamer ce sachet en question qu’ils ont retrouvé, que nous avons vu. C’est la preuve qu’il détenait le riz, mais selon lui, ce n’était pas pour faire des pratiques occultes, mais pour nourrir ces poussins.
A combien peut-on évaluer les dégâts causés par ces affrontements ?
Tout est parti d’une histoire de riz, d’un kilo de riz, et on a d’énormes dégâts matériels, on a eu mort d’homme, de nombreux blessés, et aujourd’hui nous ne pouvons pas évaluer tout ce que la population d’Abongoua a perdu. Ils sont en pleurs, ils ont besoin de consolation, ils ont besoin que des personnes de bonnes volonté viennent les aider. Il y a des familles qui se retrouvent dans des familles d’accueil, qui ont tout perdu en un jour. Des domiciles privés qui ont été incendiés, vraiment c’est déplorable.
Quels sont les actions qui ont été menées en terme de médiation ?
Il y a eu beaucoup de médiations, beaucoup de rencontres. A ce jour, la paix est précaire, mais nous pensons que nous allons y arriver. Nous allons les sensibiliser à la paix, et cela ne va plus jamais se répéter. Nous comptons également sur la jeunesse, d’ailleurs, je salue les initiatives du président du Conseil national de la Jeunesse à Yakassé Attobrou qui a dépêché une équipe pour venir m’épauler pour des échanges avec les deux parties, pour les apaiser, et leur dire que nous ne sommes pas là pour donner raison à qui que ce soit, mais nous sommes là pour que le vivre-ensemble soit une réalité. Le vivre ensemble qui est prôné par le chef de l’Etat. Et nous invitons les deux parties à se réconcilier, véritablement.
Quelles sont vos attentes pour faciliter le vivre-ensemble dans votre localité ?
Je souhaiterais qu’au niveau d’Abrongoua, qu’on ait un foyer des jeunes, un cadre d’échanges. Nous n’avons pas de foyer des jeunes, c’est vrai que les jeunes demandent du travail, mais pour ma part, pour éviter ces gens d’agressions, d’agissements, il faut éduquer la jeunesse, il faut trouver un cadre d’échanges pour voir les problèmes réels de la jeunesse, et amener la jeunesse à prendre ses responsabilités. Vous savez, l’effet de groupe a beaucoup d’influences sur nos jeunes gens, il y a le phénomène de l’alcool, le phénomène de l’orpaillage, de la drogue, mais pour ma part, c’est la sensibilisation. Au niveau de l’éducation, il y a des choses qu’il faut inculquer à nos jeunes gens entre autres, l’amour, le pardon, le vivre-ensemble et la tolérance.
Gael ZOZORO (envoyé spécial à Yakassé-Attobrou )