Dans sa récente sortie publique, Guillaume Soro adresse un message particulier à ses partisans, mais aussi à ses détracteurs.
La précédente sortie publique du président de Générations et Peuples Solidaires (GPS) remontait au 31 décembre 2021. A l’occasion du Nouvel An, Guillaume Soro avait communié, via une vidéoconférence, avec des cadres et des militants de son mouvement, connectés depuis les différentes régions de la Côte d’Ivoire, mais également de l’Europe et de l’Amérique. Comme six mois plus tôt, l’ex-PAN a voulu, à travers son apparition publique du samedi dernier, montrer à ses partisans, mais aussi à ses détracteurs, qu’il se porte bien. Mieux, l’embonpoint qu’il a affiché à l’occasion de cette réunion de la Commission d’Orientation et de Coordination (COC), montre qu’il se porte très bien comme il l’a lui-même exprimé dans ses propos. L’ancien Premier ministre est aussi apparu avec des cheveux et une barbichette partiellement gagnés par la blancheur. Cette autre apparence n’est certainement pas anodine. Comme bien de personnalités politiques largement plus âgés que lui, l’ex-député de Ferké aurait pu se présenter avec une chevelure et une barbe noires s’il l’avait voulu. La cosmétique lui en donne la possibilité. Mais il a fait le choix d’apparaître dans son allure naturelle pour passer un autre message : rappeler à tous que les années s’égrènent depuis qu’il est contraint à l’exil. Qu’il gagne en âge et assume cela. Il gagne également en sagesse, mais garde sa ligne politique et son ambition de devenir président de la République de la Côte d’Ivoire. Il reste déterminé à affronter, jusqu’au bout, la persécution que cela lui vaut, lui et ses partisans, de la part du pouvoir RHDP, sans jamais accepter de céder à un quelconque chantage dictatorial pour tomber dans une quelconque compromission comme l’ont fait d’autres acteurs politiques en exil.
Ainsi, à tous ceux qui pouvaient le croire au bord de l’abdication, il s’est montré encore plus résolu à poursuivre son combat malgré les épreuves de l’exil et de la prison imposées à lui et à certains de ses proches. Il invite l’ensemble de ses partisans à renouveler leur engagement et à se remobiliser. D’où la structuration et les autres actions de terrain de GPS décidées au cours de cette réunion avec le COC. A souhait, il relate une scène de la traque d’Alassane Ouattara en octobre 2000 par le régime d’alors. Dans cette scène qu’il a vécue à la résidence de l’ancien Premier ministre d’Houphouët-Boigny, à Cocody, lui Guillaume Soro avait dû, face à une descente imminente d’un détachement de la gendarmerie hostile, conseiller à l’opposant Ouattara de prendre la fuite, ce que ce dernier a fait via la résidence voisine de l’ambassadeur d’Allemagne où il est allé trouver refuge avec certains proches. Ce récit a pour but de rappeler à l’ensemble des Ivoiriens, et particulièrement aux partisans de l’actuel chef de l’Etat, qu’il fut un moment où celui-ci n’a eu d’autre choix que de sauver sa tête face à la fureur de l’adversité politique. Ce fut également une période de doute profond sur la suite de sa carrière politique. Mais cette épreuve, et bien d’autres qu’il a traversées plus tard, ne l’ont pas empêché de s’installer dans le fauteuil présidentiel en 2011.
Au total, Guillaume Soro a voulu expliquer à ceux qui lui prédisent une mort politique, que d’autres leaders ivoiriens avant lui, ont connu le même sort sans que cela n’empêche l’accomplissement de leur destin présidentiel. Une manière pour lui de réitérer à qui veut l’entendre qu’il se battra jusqu’au bout, lui aussi, pour atteindre son but par la voie des urnes.
Cissé Sindou