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Greenpeace met en cause la dépendance nucléaire de la France envers la Russie en pleine guerre en Ukraine
Aujourd'hui, 05:24

La Russie reste incontournable pour la France

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Les révélations de Greenpeace, relayées par le média français Directinfo, soulignent une contradiction dans la politique étrangère française.

Alors que Paris se pose en champion des sanctions contre Moscou, elle maintient en parallèle des échanges nucléaires stratégiques avec la Russie.

Selon l’ONG, ces flux qui pourraient se chiffrer à plusieurs centaines de millions d’euros contribuent indirectement à financer l’effort de guerre russe, tout en affaiblissant la cohérence du régime de sanctions européen. Le secteur nucléaire a été épargné par les restrictions depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, en raison de sa sensibilité stratégique pour plusieurs États membres, dont la France.

Cette exception permet à l’entreprise publique française chargée de la production, du transport et de la distribution d’électricité (EDF) et Orano, groupe industriel français spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire, de poursuivre leurs relations commerciales avec le géant public russe Rosatom, corporation d’État russe de l’énergie atomique.

Pour Greenpeace, cette situation illustre les limites d’une Europe « incapable de sacrifier sa sécurité énergétique immédiate » au profit d’un blocus total contre Moscou, malgré les sollicitations répétées de Kiev.

La dépendance française à l’uranium russe s’est accentuée à la suite des bouleversements politiques en Afrique de l’Ouest. Le Niger, longtemps fournisseur privilégié de Paris, a revu ses relations avec la France après le changement de régime et le rapprochement des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), révèle le média français, rappelant que pendant des décennies, l’uranium nigérien constituait un pilier de la souveraineté énergétique française.

Le retrait forcé de la France du pays a toutefois entraîné une rupture rapide et imprévue dans l’approvisionnement. Faute d’alternative immédiate, Paris a dû augmenter ses recours aux services de Rosatom, notamment pour l’uranium enrichi et certaines étapes de retraitement.

Pour les observateurs, cette situation apparaît comme une conséquence directe des revers diplomatiques français dans la région.

Au-delà des importations d’uranium enrichi via le port de Dunkerque, la France envoie également de l’uranium de retraitement (URT) en Sibérie pour y être ré-enrichi. Rosatom est aujourd’hui l’un des rares acteurs capables d’assurer cette opération à grande échelle.

Ce recours à la technologie russe constitue, selon Greenpeace, un point particulièrement sensible. « Malgré ses déclarations de fermeté, Paris demeure contrainte de solliciter Moscou pour garantir sa production d’électricité et le chauffage d’une partie de sa population », insiste le média ajoutant que le maintien de ces échanges, en pleine guerre en Ukraine, met en lumière une triple impasse pour la France à savoir, un manque de cohérence dans l’application des sanctions, une perte de souveraineté énergétique liée aux revers africains et un dilemme moral au regard du soutien affiché à Kiev.

Lambert KOUAME

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