Félix N'Guessan, Directeur Général Nouvelle Afrique
Depuis votre départ en 1993… on avait espéré que, avec la sagesse et la vision dont vous faisiez preuve, votre héritage serait solidement préservé. Mais force est de constater que depuis le coup d’État de 1999 qui a mis à mal votre œuvre, le PDCI ressemble davantage à un navire sans capitaine, voguant à la dérive sur des eaux tumultueuses. Pire encore, le mal vient souvent de l’intérieur, comme un cancer, dévorant lentement ce que vous avez construit.
Vous vous souvenez sans doute de la discipline et de la fraternité qui régnaient au sein de votre parti. Le PDCI, sous votre direction, était une grande famille, unie et solidaire, où la loyauté et la sagesse étaient les pierres angulaires. Mais aujourd’hui, mon cher Pépé, nous avons affaire à des sorciers, oui de vrais sorciers, des enfants indignes, qui s’adonnent à des magouilles et à des guerres internes aussi sordides que dévastatrices. C’est incroyable ! Les militants qui devraient être vos héritiers sont plus préoccupés par leurs petites querelles personnelles et leurs intérêts égoïstes que par l’avenir du pays et du parti. Regardez un peu ce qui se passe ces derniers temps. Tandis que la Côte d’Ivoire se prépare pour des élections présidentielles cruciales, des figures emblématiques du PDCI s’attaquent frontalement au président du parti, candidat naturel à cette élection. Il critique sa prétendue absence du pays pendant des années. Et pourtant, vous le savez, votre petit fils Thiam travaillait à l’extérieur du pays pour le pays. Pépé, ici, c’est seulement vos enfants du PDCI qui se battent entre eux. Quand ce n’est pas l’un qui se plaint de l’élection de l’autre, c’est l’autre qui défie la légitimité de son élection. Et ce n’est pas tout ! Il y a même des plaintes judiciaires, et tout cela pour qui ? Pour offrir le parti sur un plateau d’argent aux adversaires ! Comment expliquer que les plus virulents ennemis du PDCI aujourd’hui sont en réalité… ses propres militants ? Mais ce n’est pas fini, cher Pépé. Une militante, Valérie Yapo, vient également d’assigner en justice le président du PDCI, contestant la légitimité de son élection en raison de sa prétendue nationalité française. Une autre querelle interne, encore une ! Voilà où en est le parti que vous avez fondé, un PDCI où ses enfants, au lieu de se soutenir et de préparer l’avenir, préfèrent se livrer à des luttes intestines, comme des sorciers cherchant à détruire ceux qui pourraient incarner la relève. Alors, cher Pépé, est-ce cela que vous imaginiez lorsque vous avez consacré toute votre vie à bâtir ce parti ? Un PDCI rongé de l’intérieur par des querelles mesquines, où les ennemis ne viennent plus de l’extérieur, mais de vos propres enfants? C’est bien triste, très triste, et vous devez être dans l’incompréhension depuis là-haut. Les militants restés fidèles à vos idéaux, sont là, observant, le cœur lourd, cette dégradation. Que faire quand ceux qui devraient défendre l’héritage de votre œuvre sont les premiers à lui tourner le dos ? C’est vrai que le PDCI doit « se renouveler ». Mais dans quel sens ? En continuant à nourrir la guerre fratricide, ou en retrouvant l’unité et l’amour de la Côte d’Ivoire ? En attendant, cher Pépé, sachez que vos fils et filles, bien que pleins de querelles et de divisions, se rappellent souvent de vous. Peut-être que, de là où vous êtes, vous pourriez souffler un vent de sagesse qui calmerait les ardeurs de ceux qui s’égarent. Cher Pépé, au besoin, rappelle à toi, tous ceux qui veulent détruire ton parti, ton héritage, et demande leur des comptes sous des coups de fouet à lanières. Cher Pépé, nous qui avons vu la gloire de ton parti, attendons avec impatience ta réaction.
Félix N'Guessan
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