La Cedeao doit réussir une résolution pacifique de la crise nigérienne





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L'après-push au Niger est avant tout une crise nigérienne. Il n'est pas souhaitable qu'un président issu d'une élection subisse un coup d'Etat. Mais, lorsqu’un chef d'Etat est renversé par le chef de sa sécurité présidentielle, celui-là même qui était chargé au quotidien de sa protection, cela doit interpeller et servir de matière à réflexion à quiconque. Nous comprenons la colère de certains chefs d'Etat membres de la Cedeao. Nous comprenons aussi la hantise qu'ils peuvent avoir des coups d'Etat en pensant à leur propre pouvoir. Mais, l'euphorie avec laquelle ils ont réagi à ce qu'il convient de qualifier de révolution de palais survenue à Niamey le 26 juillet, n'était pas appropriée. Comme l'a dit Lansana Kouyaté, ancien Premier Ministre de la Guinée Conakry, ancien secrétaire exécutif de la Cedeao qui a également représenté son pays aux Nations unies, l'intervention militaire n'était pas le premier vocable à employer à l'issue de la toute première réunion tenue par la Cedeao après ce coup d'Etat. De même, les sanctions et autres ultimatums brandis par l'organisation sous-regionale dès le départ ont été contre-productifs. Tout est une question d'objectif. Donc, à ceux qui diront que cette fermeté était nécessaire estimant que ce coup d'Etat était de trop dans la sous-region, nous rétorquons que cette méthode n'a rien donné. Au contraire, l'indifférence affichée par les putschistes vis-à-vis de l'ultimatum de la Cedeao a contribué à décrédibiliser et à ridiculiser cette institution. Quand une méthode produit un résultat aussi catastrophique, c'est qu'elle n'est pas bonne. Ensuite, au lieu de tirer des leçons de ce premier choix qui a contribué à raidir la position de la junte qui bénéficie du soutien d'une partie de la population et des différents commandements de l'armée nigérienne, de celui du président de l'Assemblée nationale, etc., la Cedeao, visiblement poussée par la France et les États Unis, multiplie les menaces d'intervention militaire. Les défenseurs de cette option sont convaincus qu'avec le soutien logistique et stratégique de la France et des Etats Unis, l'armée de la Cedeao, une fois déployée aux frontières du Niger, parviendra à créer des défections au sein de l'armée nigérienne. Cela affaiblira la junte dont les meneurs n'auront d'autre choix qu'à prendre la fuite. La Cedeao et ses soutiens sont si optimistes qu'ils croient que les putschistes, devant l'avancée des soldats étrangers et leurs alliés nigériens, abandonneront derrière eux Mohamed Bazoum que l'on réinstallera ensuite dans son fauteuil présidentiel pour qu'il gouverne à nouveau le Niger sous la protection des forces étrangères. Tout cela est beau tant que c'est sur le papier et dans les esprits. Mais dans la pratique, il s'agira d'une guerre. Et une guerre on sait quand et comment on la commence, mais on ne sait jamais quand et comment elle peut évoluer et se terminer. Une fois de plus, nous rappelons que la situation que traverse le Niger est une crise entre Nigériens. La meilleure solution est donc celle qu'on trouvera entre Nigériens et elle ne peut qu'être pacifique. Et, c'est dans ce sens que l'action de la Cedeao est attendue. Son rôle ne doit jamais être de faire la guerre et de faire souffrir les peuples de quelque manière que ce soit.

 

Cissé Sindou

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