En cette période de célébration de la fête des mères, des mamans, jeunes comme vieilles, racontent leurs moments de joie, de peine, d’angoisse et de difficultés vécus ou partagés avec leurs enfants dans la gestion de leur responsabilité parentale au sein de la famille.
Mère d’un seul enfant ou de plusieurs, elles ont toutes vécu des expériences aussi bien riches que pleines d’émotions. « Il y a vraiment du bonheur à être mère en dépit de tout », a dit l’une des mamans interrogées par l’AIP.
Madeleine Kouamé est mariée et mère de 13 enfants. Femme rurale, elle a pris en charge, seule, l’encadrement de ses enfants sans l’appui d’une servante ou d’une parente. En plus, elle s’occupe des travaux des champs à la dimension de son monde à nourrir. En langue Baoulé, elle relate sa vie de mère au téléphone.
« Je faisais un peu un peu pour jongler entre les travaux champêtres, ceux de la maison tout en m’occupant des enfants. Il y a des moments où c’étaient difficile, très difficile. Parfois il y a des enfants qui sont malades, il faut apprêter les autres pour l’école et d’un autre côté il y a les tâches ménagères qui t’attendent, sans oublier ceux du champ. En ces moments-là, je suis troublée, nerveuse, stressée et je crie au Seigneur pour qu’il me vienne en aide. Quand je suis enceinte, c’est encore plus compliqué parce je dois mettre le plus petit au dos avec mon bagage sur la tête », dit-elle avec un soupir en se remémorant ce qu’elle a enduré.
Dame Kouamé le répétait pratiquement à la fin de chaque phrase, « ce n’était pas facile », mais elle s’organisait, trouvait des astuces pour accomplir chacune de ses tâches chaque journée.
Ses 13 enfants (six filles et sept garçons) sont grands et la benjamine est en classe de 4e au lycée municipale de Guibéroua. Kouamé Madeleine n’avait pas prévu avoir autant d’enfants, mais aujourd’hui, ils font sa fierté et sa joie. Elle vit désormais seule avec son mari dans un campement situé à environ 30 km de Guibéroua.
« Je suis vraiment contente quand je les revois. J’avais beaucoup de soucis concernant leur éducation, leur suivi et leur encadrement. Il y en a qui sont mariés, d’autres travaillent et les derniers sont encore à l’école. Ils m’appellent, ils m’envoient des cadeaux. Ils me manquent énormément. Je suis seule maintenant », relève Kouamé Madeleine, marquant une pause au cours des échanges.
Poursuivant, elle conseille aux jeunes mères de ne pas abdiquer dans l’éducation de leurs enfants ou de refuser de ne pas en avoir. « En toute chose, il faut s’en remettre au Seigneur et lui confier les enfants. Il ne faut pas prononcer de mauvaises paroles à leur endroit ou les maudire. Il faut les soutenir, les encourager, les suivre, les interpeller quand il le faut pour qu’ils puissent réussir », a-t-elle conclu.
Avec Yoboua Alice, nous passons une journée ensemble avec ses six enfants (trois filles et trois garçons) pour relater sa journée. Il est 8h, un samedi. Elle débute la matinée avec des cris. « Vous allez dormir jusqu’à quelle heure ? Venez balayer mon salon. Séphora, les assiettes t’attendent », lance Mme Yeboua à l’entame de la journée.
Quelques instants après, toute la maison est en ébullition. De petites disputes ou bagarres par ci, les plus petites jouent d’un autre côté, ça bavarde un peu partout, le tout orchestré par les bruits des ustensiles de cuisine et du portail qui s’ouvre et se referme sans cesse. Il y a de la vie dans la maison de Yeboua Alice en l’absence de son mari qui est de service. Le calme revient un tout petit peu quand ils se retrouvent à table avec beaucoup de joie.
« C’est toujours comme ça. Il faut les interpeller pour presque tout sauf pour manger. Il faut régler les petites disputes. Je ne me souviens pas avoir fait une journée sans crier. Je parle jusqu’au soir. La journée, je fais 90% de bavardage, 5% je suis dehors et 5% pour dormir. Le jour, je fais un plat qu’ils apprécient, ça chante partout dans la maison, ils sont joyeux, ça rit pour un rien », raconte-t-il, donnant une petite fessée à un enfant.
Mais en dépit de tout, elle exprime sa joie d’être mère parce qu’elle partage de bons moments avec ses enfants. « Les enfants, c’est tout et rien ne peut les remplacer, même pas l’argent. Quand ils sont petits, c’est difficile pour l’encadrement mais quand ils grandissent, on oublie tout. Au bout de l’effort il y a toujours le réconfort », indique-t-elle.
Sage-femme, Kouadio Léa ne cache pas sa passion pour son métier et sa joie d’assister les femmes à l’accouchement. « J’ai plus d’émotion de voir en première l’arrivée du bébé à la naissance. Il y a aussi de l’émotion en pédiatrie en voyant les mamans avec leurs bébés », fait-elle savoir.
A ce jour, mère de trois enfants, Mme Kouadio partage encore plus de bonheur avec les femmes en salle d’accouchement et est devenue plus gentille, beaucoup attentionnée, compréhensible et donne des encouragements à ses parturientes.
« Après avoir partagé ces moments de joie avec des mamans en salle d’acccouchement, je suis vraiment comblée d’être aussi mère. Le fait de voir mon bébé me sourire, faire des choses amusantes ou drôles, procurent vraiment beaucoup de bonheur. Cela a impacté plus ou moins mon travail », a-t-elle ajouté.
« Une naissance pour une maman, c’est plein d’émotion. Voir ce boud’chou que tu as porté pendant neuf mois, qui t’a donné des moments de fatigue, des bobos, te fait oublier tous ces moments. Après la césarienne, quand on m’a présenté mon bébé, c’était le plus beau jour de ma vie et une très grande bénédiction pour moi », raconte pour sa part Evelyne Yoro, mère d’un petit garçon qui a fêté ses deux ans le 14 mai 2021.
La fête des mères est célébrée dimanche 30 mai 2021 partout en Côte d’Ivoire.
(AIP)