Lutte contre le travail des enfants : attention, ne pas faire d’amalgame





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Le gouvernement ivoirien a lancé, à Soubré, une campagne de répression contre la traite des enfants dénommée "Opération Nawa 2", dont l'objectif est de soustraire les enfants de l'exploitation et de mettre aux arrêts les auteurs de ces délits.

Une opération qui vise, selon les autorités ivoiriennes, à réduire la traite et l'exploitation des enfants par des actions vigoureuses sur le terrain.

Ainsi, du jeudi 6 mai au vendredi 7 mai 2021, les trois unités de lutte contre le travail des enfants ont investi les villages, campements, ateliers, garages et plantations en vue de retirer les enfants en situation irrégulière de travail, et d'interpeller ceux qui les soumettent à des pires travaux.

Au terme de cette opération, au total 68 enfants ont été récupérés et 24 personnes mis en examen. Les enfants en situation de traite ou d'exploitation sont gardés au centre d'accueil de Soubré, un centre construit par la Première dame où ils seront accompagnés dans le choix d’un métier. Notamment l’élevage, le maraichage, la couture ou la ferronnerie.   

Quant aux exploitants, ils seront mis à la disposition de la police pour une procédure judiciaire.

Sur les images, des enfants ont été pris le long de la route, rentrant du champ avec leur machette, en compagnie de leurs parents, tantôt dans des campements à s’occuper des tas de fèves de cacao qui sèchent devant les maisons.

Même si cette action a été saluée par la plupart des organisations de lutte contre le travail des enfants, il convient de faire la part des choses pour ne pas qu’il y ait des amalgames entre les pires formes de travail des enfants et le travail socialisant.

D’ailleurs, plusieurs Ivoiriens se sont demandés si ce n’est que le travail dans les champs qui est réprimandé. Sinon les petites filles vendeuses d’eau glacée en bordure de voie, les mineurs apprentis gbaka et autres enfants porteurs de bagages dans les marchés à Abidjan exercent à ciel ouvert. A moins que les enfants d’Abidjan soient différents de ceux de l'intérieur du pays.   

Et parmi les métiers de choix de ces enfants « sortis des griffes » de parents "maltraiteurs", figure la ferronnerie.

Faire travailler un enfant dans une ferronnerie n’est-il pas plus avilissant qu’un enfant qui accompagne sa mère au champ ? Juste une interrogation.

 

En Afrique, les parents qui vont au champ avec leurs enfants ne les font pas forcément faire des travaux qui sont au-delà de leur force. Pour eux, ce n’est pas une corvée, mais une initiation, un moment d’apprentissage qui leur permet de grandir et d’être en harmonie avec les autres. Et puis, le père et la mère, en allant au champ, peuvent-ils laisser l'enfant seul à la maison ? C’est l’enfant qui accompagne son père au champ qui saura, par exemple, les limites de la plantation de ses parents, apprendra que tôt le matin, il y a la rosée sur le chemin ou qu’avec telle ou telle feuille, on arrive à soigner telle maladie. Aller au champ ne veut pas dire faire travailler un enfant. C'est plutôt un apprentissage, une école de vie. Contrairement aux pires formes de travail des enfants qui avilissent ces derniers et est susceptible de porter atteinte à leur intégrité physique et morale. C'est les obliger à faire des travaux dangereux, au-delà de leur force. 

Il faut donc faire la part des choses en évitant de s'aligner sur des stéréotypes. Un enfant qu'on convoie d'un pays voisin pour venir travailler dans les champs est différent d'un enfant qui apprend auprès de son père au champ. Au risque de piétiner notre culture, notre identité sans laquelle nous sommes sans âme.

Lambert KOUAME

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