Le président de la République, Alassane Ouattara, lors de son investiture, le lundi 14 décembre 2020, a annoncé qu’il nommerait un ministre en charge de la réconciliation nationale. Aussitôt dit, il l’a aussitôt fait le mardi 15 décembre 2020, en portant son choix sur Kouadio Konan Bertin dit KKB, candidat malheureux à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, pour diriger ce nouveau département ministériel. S’il est vrai que l’homme a une approche facile avec de nombreux responsables politiques, la tâche sera-t-elle aisée ? Surtout quand on sait que le pays a été fortement secoué, récemment, par des affrontements inter-ethniques et que le dialogue entre l’opposition et l’opposition est rompu.
S’il est vrai que KKB a posé des actes majeurs qui pourraient faire de lui l’homme de la situation (rencontres avec Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo), il faut aussi reconnaître que le passé récent du nouveau ministre ne milite pas en sa faveur.
D’abord, au sein de sa formation politique, contre la volonté de tous, il a choisi de ne pas suivre la volonté commune au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) de faire de Henri Konan Bédié le candidat unique. D’où sa candidature en tant qu’indépendant à la dernière présidentielle ivoirienne.
Ensuite, au moment où l’ensemble de l’opposition décidait de boycotter le scrutin du 31 octobre 2020, Kouadio Konan Bertin a choisi de se désolidariser en faisant campagne et en allant jusqu’au bout du processus électoral. Une situation qui avait emmené de nombreux observateurs de la scène politique ivoirienne à l’accuser, à tort ou à raison, d’être de connivence avec le candidat du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara, pour légitimer la victoire de ce dernier. D’ailleurs, ces derniers continuent de croire que sa nomination n’est rien d’autre qu’une récompense pour services rendus.
Dans un tel contexte, l’on est en droit de soutenir que la tâche ne sera pas du tout aisée pour le nouveau ministre de la Réconciliation nationale. Mais, attendons de le voir à l’œuvre pour juger. Il a certainement plus d’un tour dans son sac.
Modeste KONÉ