Le Rhdp n’est toujours pas dans la dynamique d’une sortie de crise en Côte d’Ivoire par une solution inclusive. Il vient encore d’en donner la preuve.
Après l’adresse à la Nation du président du Pdci, le mercredi 9 décembre dernier, la position du Rhdp était très attendue concernant la proposition de dialogue national faite par le chef de file de l’opposition.
Le parti au pouvoir n’a pas tardé à réagir. Cependant, dans sa reponse donnée dans une déclaration, lue devant la presse le jeudi 10 novembre par son porte-parole, il a déçu tous ceux qui espéraient le voir saisir cette main tendue pour donner une nouvelle chance à la décrispation du climat politique ivoirien.
En effet, le parti d’Alassane Ouattara a fait plus que rejeter l’offre de Bédié ; il l’a méprisé. A travers des phrases à la limite de l’injure à l’endroit du doyen d’âge de la classe politique, Kobenan Kouassi Adjoumani a présenté la démarche de l’ancien chef de l’Etat comme une façon détournée d’obtenir la transition politique visée par le défunt Conseil national de transition (CNT).
Mieux, le parti au pouvoir estime que le président du Pdci est dans une logique de « sédition » et de « remise en cause de l’ordre constitutionnel né de la présidentielle du 31 octobre 2020 ». Au total, le Rhdp s’oppose au dialogue élargi souhaité par le sage de Daoukro avec «la participation de toutes les forces vives de la Nation et qui sera encadré, sur le territoire ivoirien par des organisations internationales crédibles spécialisées en la matière, dont l’ONU ». Il préfère que la recherche de la paix se poursuive dans le seul cadre de tête-à-tête Bédié-Ouattara.
Par le ton et le contenu de sa réponse, le Rhdp montre clairement qu’il n’est pas dans une dynamique d’apaisement. Il demeure dans sa logique dictatoriale et refuse toute solution inclusive et tout sacrifice pour la paix. Il conserve sa tendance autocratique à piétiner les libertés publiques, allant même jusqu’à suggérer, dans sa déclaration, que les autorités compétentes empêchent la marche blanche annoncée par Bédié.
En outre, le Rhdp se montre non favorable à toutes les propositions allant dans le sens d’une démocratie vraie.
Dans sa déclaration, il continue donc d’ignorer les conditions d’une élection présidentielle transparente et crédible réclamées par une grande partie des citoyens, et le rejet par ceux-ci du vote au forceps organisé le 31 octobre.
Il ignore également cette colère des Ivoiriens contre le 3e mandat de Ouattara exprimée dans les rues à Abidjan et à l’intérieur du pays pendant plusieurs semaines. Le plus important pour le parti au pouvoir, c’est conserver son pouvoir et tous les privilèges qui vont avec.
La libération des prisonniers politiques, le retour des exilés et l’abandon des poursuites judiciaires contre eux tel que préconisé par Henri Konan Bédié dans son message, rien de tout cela ne constitue une priorité pour le camp Ouattara. Après avoir exécuté son passage en force du 31 octobre, il donne tout l’air de ne vouloir qu’avancer triomphaliste vers l’étape des législatives, espérant pousser l’opposition au boycott de cet autre scrutin, pour rafler le plus grand nombre de sièges au Parlement.
Cissé Sindou