Les populations de la commune de Koumassi, à Abidjan en Côte d’Ivoire, singulièrement les commerçants des marchés, des tenanciers de petits commerces et propriétaires de magasins situés sur les clôtures des infrastructures publiques sont aux abois après la vaste opération de déguerpissement entamée depuis plusieurs jours
Cette vaste opération en cours a été nitiée d’une part par le ministère de l’Assainissement et de la Salubrité et d’autre part par la nouvelle équipe municipale conduite par le maire Cissé Ibrahim Bacongo. Elle consiste à déloger tous les étals et autres baraques qui obstruent les caniveaux, qui sont érigés sur la servitude ou encore ont été construits aux alentours des établissements scolaires et sanitaires.
Les commerçantes du marché "Djè Konan", situé à quelques encablures de la mairie, étaient complètement en colère lors de notre passage. Assises par groupes, elles s’apitoyaient sur leur sort et celui de leurs familles.
"Depuis quelques jours, la mairie nous chasse. Les agents nous agressent, d’autres bloquent nos marchandises. Ils nous demandent de rentrer dans le marché alors que les prix des places sont élevés pour nous. Ils demandent à celles qui ne veulent pas aller dans le marché d’aller vers le cimetière. Mais c’est ici que nous avons notre clientèle", nous a relaté Anne-Marie, vendeuse de légumes. Fatima, tresseuse devant un magasin de mèches intervient à son tour pour interpeller le maire Bacongo. "Nous ne sommes pas encore mortes et on veut nous envoyer au cimetière. Le maire doit savoir que nous faisons partie des personnes qui l’ont élu, donc qu’il sache que nous le regardons", t-elle lancé.
Même si ces commerçants qui se plaignent reconnaissent avoir reçu des mises en demeure, ils nous ont confié qu’ils avaient espoir que le maire reviendrait sur sa position ou alors leur trouverait des points de chute avant de les chasser de leurs emplacements actuels
C’est la même rengaine chez les propriétaires de magasins que nous avons rencontré devant l’école primaire publique "Lagune", au quartier Sogefiha et devant l’école primaire "Lac", sur le boulevard du 7 Décembre. A leur tour, ils espèrent que la mairie leur trouvera, comme promis, des endroits où ils pourront exercer leurs activités pour subvenir aux besoins de leurs familles.
" Tous les commerçants déguerpis seront recasés…"
Après avoir écouté les complaintes des uns et des autres, nous nous sommes rendus à la Mairie en vue de rencontrer les autorités compétentes pour en savoir plus sur cette affaire. Le service de communication, par la voix de son responsable Dembélé Aboubacar, a bien voulu nous expliquer ce qui se passe dans cette commune.
"Il est vrai que les populations se plaignent, mais il est bon de savoir que depuis plusieurs mois, elles avaient été prévenues par le ministère de la Salubrité et c’est au mois de décembre qu’elles devaient être déguerpies. Mais le maire a plaidé auprès de Mme la Ministre afin d’attendre après les fêtes. Donc elles savaient qu’elles devaient partir. En plus du ministère, la mairie aussi qui a, dans son plan, faire de Koumassi une commune modèle et moderne, a entrepris de dégager certains espaces pour mettre de l’ordre parce qu’il y avait trop d’anarchie. Mais tous les commerçants déguerpis seront recasés. Nous avons ciblé certains espaces que nous sommes en train d’emménager pour les accueillir. Nous ferons en sorte que chaque secteur d’activités ait un espace dédié. Ce sera une façon de donner fière allure à Koumassi", nous a-t-il fait savoir.
Il nous a fait savoir que le maire Cissé Bacongo entend recevoir toutes les couches sociales concernées par cette opération afin de leur parler de vive voix.
"Actuellement, la Mairie est en plein chantier. Très rapidement, lorsque les travaux prendront fin, le maire recevra toutes les populations pour présenter son programme. Et je crois que tout le monde sera satisfait", a-t-il conclu.
Solange ARALAMON