Avec la fermeture de toutes les salles de concerts, depuis le 14 mars dernier, et l’annulation des grands festivals en Côte d’Ivoire, du fait de la pandémie de la maladie à Coronavirus, les amateurs de musique n’avaient qu’une hâte : chanter, danser et vibrer dans les spectacles des artistes. Ils n’attendaient que des occasions pour renouer avec les grands shows.
Depuis le 31 juillet dernier donc, le gouvernement ivoirien a allégé les mesures de restrictions et a officiellement autorisé la reprise des activités dans les institutions culturelles et artistiques publiques et privées.
Les sociétés de productions audiovisuelles, les maisons d’éditions, les galeries d’art, les musées, les salles de spectacles, les boîtes de nuit, les night-clubs, les clubs privés, les cinémas et autres maquis ont ouvert leurs portes pour le grand bonheur des populations.
En attendant que tout rentre en ordre, comment vivent les opérateurs culturels qui ont passé plus de quatre (4) mois, sans activités ?
"Dès la levée des mesures de restriction, tout de suite, il y a eu un boom parce qu’il y avait un manque au niveau de la population. Nous avons été envahis par les clients. Pendant environ un mois, nos établissements ne désemplissaient pas. Mais après, nous sommes retombés dans la réalité des choses et les clients ont commencé à se faire rare. Et, avec la rentrée scolaire et la situation sociopolitique actuelle, les Ivoiriens ont peur de sortir tard la nuit. Les rares, qui sortent, ne vont pas loin, ils sont à proximité de leurs maisons. Ce qui n’est pas fait pour nous aider, car nous ne savons pas comment rattraper quatre mois d’inactivité avec les engagements que nous devons tenir", nous a expliqué Youl Sayal, manager et acteur culturel à Yopougon.
Un tour dans plusieurs espaces dans "la commune la plus joyeuse du district d’Abidjan", a permis de nous rendre à l’évidence. Un monde moyen, contrairement aux images de coins surpeuplés publiés au lendemain de la levée des restrictions, sur les réseaux sociaux.
C’est le même constat que fait Georges Aziz Hadad, opérateur culturel ivoirien. Pour lui, le secteur reste toujours sinistré, malgré l’ouverture des espaces. "La levée des mesures barrières est une bonne chose. Certaines activités ont plus ou moins repris. Le secteur réapprend à vivre et vit, peut-être pas comme avant la pandémie. La reprise est encore timide et le secteur reste encore sinistré", a-t-il ajouté.
Depuis le début de la crise sanitaire, ce sont plusieurs dizaines de manifestations, de concerts et de spectacles, d’expositions, de vente caritatives, de conférences, etc., qui ont été annulés ou reportés, avec des pertes financières pour le secteur culturel et le travail des centaines de personnes affecté.
Le gouvernement avait en premier lieu interdit les rassemblements de plus de 200 personnes avant de réduire cette interdiction à 50 et de revenir à 200 personnes. Aujourd’hui, les entrepreneurs culturels et les producteurs de spectacles en souffrent, avec des charges qu’ils n’arrivent pas à gérer. La reprise des événements d’envergure n’est pas évidente pour ces derniers, surtout avec les règles de distanciation physique qui devront y être respectées par une organisation spécifique des places assises, une gestion des flux conforme au protocole sanitaire et le port du cache-nez.
Des événements qui ont pu se faire se sont déroulés en ligne, comme c’est le cas du Festival international des fleurs et de la décoration (FESTIDEC), organisé par la structure "Fleurs à vie", dirigée par Huguette Tanoh qui était à sa 3e édition et qui a été diffusé sur Internet.
Plusieurs défilés de mode ont été aussi organisés via le web. Dernièrement, le Festival des grillades d’Abidjan 2020 s’est déroulé en ligne et en présentiel, au palais de la culture de Treichville, avec un monde réduit à 2000 personnes maximum, pour un événement qui rassemblait, lors des éditions précédentes, plus de 20.000 personnes.
En plus, les partenaires et les sponsors ne sont pas prêts à suivre en y injectant de l’argent, car à la Covid-19, s’ajoute le climat sociopolitique qui n’est pas serein. "Nous faisons 3 ou 4 opérations par an, mais là, nos dates sont forcloses. Nous avons un autre projet que nous voulons forcer pour organiser en décembre. Mais là encore, nous sommes en train de suivre nos partenaires qui nous demandent de le reporter", continue Georges Aziz.
Outre les acteurs culturels, plusieurs autres secteurs tels que la sonorisation, l’imprimerie, les locations de véhicules, les hôtels, les publicitaires, la sécurité, etc., souffrent de la situation.
Solange ARALAMON