Bamba Moriféré tout feu tout flamme ne ménage pas Alassane Ouattara





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Le président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI) Bamba Moriféré est un acteur politique bien connu. Dans une interview accordée à Pressecotedivoire.ci, l’ancien ministre de la Santé passant au peigne fin l’actualité politique du moment a apporté son soutien au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly qui séjourne à Paris pour un contrôle médical. Il n’a pas manqué d’accusé Alassane Ouattara de manœuvre pour conserver le pouvoir.   

L’actualité, ces derniers moments est dominée par la plainte qu’aurait déposé, à Paris, la fille d’Ibrahim Coulibaly (IB) et autres contre Guillaume Soro pour assassinat d’IB. Votre réaction ?

C’est tout simplement une manigance de monsieur Alassane Ouattara, qui se voit aujourd’hui démasqué et totalement discrédité par l’opinion nationale et internationale, dans sa tentative dictatoriale de confisquer le pouvoir, en éliminant tous les candidats sérieux à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Il cherche ainsi à faire diversion.

Qu’est ce qui vous fait dire cela ?

Comme vous le savez, à cette date du 27 Avril 2011, jour de l’assassinat d’IB, monsieur Alassane Ouattara était Chef de l’Etat et Chef suprême des armées.  C’est donc lui qui a donné l’ordre aux FRCI, de neutraliser IB. S’il y a poursuite, c’est donc bien lui, le seul responsable qui doit être poursuivi. Il y a bien d’autres forfaits dont il répondra tôt ou tard, il en est ainsi notamment de l’emprisonnement arbitraire des élus de la Nation et de l’occupation par la force armée des domiciles de citoyens innocents, notamment.

Le premier ministre Gon a été transféré pour des soins à paris en France. Des rumeurs courent quant à son état de santé. Avez-vous des commentaires ?

Sur le plan strictement humain, je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement. Cependant, cette situation révèle une autre supercherie d’Alassane OUATTARA. En effet, il a fait disparaître opportunément, la disposition relative au contrôle de santé des candidats à l’élection présidentielle, prévue par la constitution du 1er Août 2000, dans sa constitution de 2016, imposée de manière frauduleuse au peuple ivoirien. Nous avons, à l’époque, dénoncé cette forfaiture. Vous en  comprenez aujourd’hui le caractère prémédité. Il s’agissait pour lui, d’imposer une constitution taillée sur mesure.

Relativement à ces élections, Le Gouvernement vient de décider d’établir un certificat de nationalité dit spécial, contre paiement d’un timbre à 500 FCFA, à l’attention des populations, uniquement valable pour l’inscription sur les listes électorales, pour l’élection présidentielle d’octobre 2020, votre réaction ?

C’est totalement ridicule. Monsieur Alassane Ouattara a eu 10 ans pour régulariser et stabiliser la situation dans notre pays au plan politique et électoral après les élections calamiteuses et controversées de 2010 et la crise postélectorale sanglante qui s’en est suivie. Pourquoi ne prolonge t-il pas tout simplement les cartes d’identité arrivées à expiration, cartes établies de façon rigoureuses en 2010, avec régularisation des nouveaux majeurs ?

Il n’a jamais daigné procéder à la révision annuelle des listes électorales, tel que prévu par nos textes.

Pensez-vous que cette décision cache quelque chose ?

Il s’agit pour lui d’inscrire massivement des étrangers sur les listes électorales, après avoir caporalisé toutes les institutions dont la CEI, à la tête desquelles il a nommé ses obligés, empêché toute candidature sérieuse, pour, pense-t-il, bouclé la boucle. Ainsi, il pourra aisément s’autoproclamer, lui ou son prête-nom,  nouveau président en Octobre 2020. Ainsi, notre pays étant devenu son patrimoine familial personnel, il pourra poursuivre aisément la mise en coupe réglée de l’économie nationale par une gestion prédatrice et mafieuse.

De quels moyens dispose le chef de l’Etat pour arriver à ses fins ?

Pour cela, Alassane Ouattara compte, non pas sur des élections, mais sur la force, nos braves forces de défense et de sécurité, conduites par ses mercenaires bien connus.

Si tel est le cas, que comptez-vous faire en tant que parti politique de l’opposition ?

Face à cette situation, l’opposition politique, les forces démocratiques, républicaines et patriotiques de toutes les composantes de notre pays doivent s’unir pour faire échec à ce dessein machiavélique. C’est un impératif de salut public et de survie pour notre nation.

 

Votre parti, le RPCI, est membre de la coalition CDRP, avec d’autres partis dont le PDCI. N’est-ce pas un peu paradoxal, lorsque l’on sait que vous vous êtes toujours réclamé de la gauche démocratique.

Il n’y a là rien d’anormal.

Nous sommes de la gauche démocratique, du pôle des forces de progrès. Notre crédo, c’est la lutte pour la démocratie et la justice sociale, notamment, ce combat, nous le menons depuis des décennies.

Nous avons lutté pour obtenir le multipartisme en 1990. Cependant, notre pays n’a jamais pu organiser des élections véritablement démocratiques, justes, transparentes, consensuelles et apaisées, depuis cette date, malgré quelques acquis.

Il en a été ainsi en Octobre 1990, 1993, 1995, 2000, 2010, etc…

Aujourd’hui, Alassane OUATTARA, qui a bénéficié des acquis démocratiques dont je viens de parler et accédé par défaut à la tête du pays, a entrepris, non seulement de liquider ces acquis, mais d’instaurer une véritable dictature fasciste en utilisant la force, pour confisquer le pouvoir et s’y maintenir coûte que coûte.

Que compte faire la CDRP, en cas de passage en force du pouvoir pour les prochaines élections ?

Le combat pour faire échec au dictateur, doit donc être l’objectif principal de tous. Il en a été ainsi partout dans le monde, lorsque les peuples ont dû faire face à un dictateur. Ce combat revêt également un aspect patriotique dans notre pays, pour faire prévaloir les intérêts nationaux fondamentaux et la souveraineté de notre peuple.

C’est ce qui explique la présence de notre parti au sein de cette plate-forme minimum.

Votre allié, le PDCI, vient de signer avec le FPI, votre allié de la gauche, un accord-cadre. Qu’en pensez-vous ?

Comme je viens de l’indiquer, sachez que la plate minimum au sein de laquelle nous cohabitons avec le PDCI, n’est ni une plate-forme programmatique, ni une plate-forme électorale. Aussi, chaque parti membre est souverain et libre de contracter quelque accord que se soit, avec qui que ce soit, à condition que ledit accord ne soit pas en contradiction avec la déclaration de principe de la plate-forme.

Dans la forme, je comprends que certains partis, membres de la plateforme, aient exprimé leur mécontentement, pour ne pas avoir été prévenus, ne serait ce que par politesse.

En ce qui concerne notre parti, le RPCI, nous ne sommes pas concernés par cet accord, dont l’objectif principal, la réconciliation nationale, nous paraît totalement anachronique dans le contexte actuel dans notre pays.

Pourquoi ?

La cause principale, majeure, de toutes les crises que notre pays a connues depuis au moins l’indépendance, repose sur la question et la revendication de la démocratie et du pluralisme politique véritable, y compris la lutte menée par le PANA de feu GNAGBE KRAGBE, en 1969, 1970.

Nous avons participé à ces combats pour la démocratie, depuis près d’un demi-siècle, parmi les acteurs principaux, en première ligne et à l’avant-garde, à ce titre, nous n’avons pas le droit de nous tromper d’objectif, pour « mettre la charrue avant les bœufs ».

Aussi, la réconciliation nationale véritable, interviendra aisément, organisée dans une côte d’ivoire démocratique avec des dirigeants élus démocratiquement, lorsque les électeurs iront voter librement, «  la fleur aux fusils », sans aucune contrainte ou par une transition démocratique, dotée d’une assemblée constituante.

C’est ce qui explique l’échec des différentes  tentatives de « dialogue », de «  forum de réconciliation nationale », de « commission de réconciliation nationale », que le pays a connu dans le passé.

J’ajoute que la véritable réconciliation nationale sera fondée sur l’exigence de vérité, sans laquelle il n’y a pas de réconciliation nationale possible.

Prenez l’exemple historique de l’Afrique du Sud. Pendant des décennies de régime d’apartheid de DE KLRERK, l’Afrique du Sud n’a jamais été capable d’organiser la réconciliation nationale.

Il a fallu attendre l’abolition d’un tel régime et l’instauration de la démocratie, «  un homme, une voix », dans une Afrique de sud démocratique, où des anciens présidents peuvent être jugés et condamnés, pour réaliser la réconciliation nationale, sur la base de l’exigence de vérité, par la commission «  vérité, justice, réconciliation ».

Aussi, la réconciliation nationale dans notre pays, sera le fait, non de quelques leaders, mais de tout notre peuple, dans une côte d’ivoire véritablement démocratique.

Nous devons éviter de créer quelque confusion que soit vis-à-vis de notre peuple. Ce n’est point le régime dictatorial d’Alassane OUATTARA qui organisera la réconciliation des ivoiriens, lui qui emprisonne de façon arbitraire, distribue les peines de prison à 20 ans, continuent les arrestations arbitraires, les occupations de résidences privées, etc…

A vous entendre, on est tenté de vous demander l’objectif final de cette plateforme ?

L’objectif principal de l’opposition, de tous les Ivoiriens, épris de paix et de justice, doit être de combattre la dictature, avec esprit de suite, organiser des élections démocratiques, justes, transparentes et apaisées, pour une côte d’ivoire démocratique et réconciliée.

C’est le sens de la présence de notre parti, le RPCI, au sein de la coalition CDRP, pas plus, ni moins.

Interview réalisée par Lambert KOUAME

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