Les chiffres sont effrayants et même effroyables. Aujourd’hui, c’est 65 605 personnes qui sont décédées et 1 214 487 personnes contaminées à travers le monde par le tueur silencieux appelé Coronavirus. En Côte d’Ivoire, 245 personnes (Ndlr ; jusqu’à hier) ont été testées positives à ce Covid-19. Malgré ces chiffres qui donnent le tournis, la majorité des Ivoiriens n’ont pas compris que l’heure est grave. On voit encore dans les sous-quartiers, les jeunes gens en train de jouer au ballon, se bousculer et se coucher les uns sur les autres. Dans les ‘’grins’’ de thé, les gens continuent de boire dans les mêmes verres à tour de rôle. Malgré toutes les mesures, certains religieux ouvrent les églises en cachette pour disent-ils prier en ligne en présence de leur chorale. Dans les quartiers populaires, le non-respect des mesures barrières contre la grande pandémie est flagrant. Dans les véhicules de transport en commun, surtout les minicars communément appelés ‘’Gbakas’’, le siège intercalé est encore occupé. Malheur à l’usager qui interpelle le conducteur sur ses inconduites. Il est automatiquement rabroué ou invité à descendre pour emprunter un autre véhicule. C’est courant de voir les gens à deux ou à trois sur les motos taxis sans respecter la distanciation requise. Il est encore fréquent de rencontrer des individus dire que cette maladie est un complot des Blancs contre les Noirs. « Si virus Ebola n’a pas exterminé l’Afrique, Coronavirus ne parviendra pas à le faire ; qu’on nous lâche les baskets », entend-on dire. Incroyable mais vrai. Ils sont convaincus que cette maladie est pour les Occidentaux alors qu’elle a fait passer de vie à trépas, de grosses légendes vivantes de l’Afrique noire comme le Sénégalais Pape Diouf, le Camerounais Manu Dibango ou le Congolais Aurlus Mabélé.
A quel moment, ce peuple va-t-il prendre conscience qu’il est temps de juste changer de comportement pour protéger sa vie ? Certainement que les Ivoiriens attendent que le virus commence à tuer en grande masse comme ailleurs avant de prendre conscience qu’il faut se protéger. Réveillons-nous. Fort heureusement, de nombreux restaurateurs et tenanciers de maquis ont fermé leurs espaces de travail pour se protéger et épargner leurs semblables de la méchante pandémie. Vivement que dans les mesures d’urgence, l’Etat apporte son appui à tous ces secteurs sinistrés car bien que confinés, les travailleurs qui vivent au jour le jour doivent bien trouver leur pitance quotidienne !
Dans le même temps, il y a lieu de veiller à ce que les sociétés qui ont profité de la situation pour licencier ou mettre leurs employés au chômage ne soient pas indemnisées. En cette période de difficultés, les efforts et sacrifices à consentir doivent être faits par tous les maillons de la chaine de production. Il n’est pas normal que les patrons continuent de percevoir l’intégralité de leurs salaires mensuels et que les ouvriers soient privés de leur petit traitement, qui frôle souvent le Smig. La solidarité nationale qui se manifeste en ce moment sur toute l’étendue du territoire national doit pouvoir bénéficier en priorité à tous ceux qui ont perdu leurs emplois. L’Etat doit hic et nunc créer un service chargé de recenser tous ceux qui ont perdu leurs emplois en cette période avec des justificatifs afin de les aider et sensibiliser leurs patrons.
Nul n’est responsable de cette crise qui frappe de plein fouet tous les secteurs d’activité. Il ne doit donc pas avoir des privilégiés. L’Etat doit veiller à ce que les patrons véreux ne tirent pas profit de cette situation inédite.
MT