La semaine du non-lieu à la Cpi





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Interrompu en janvier 2018, le procès Le Procureur contre Laurent Gbagbo & Blé Goudé a repris son cours normal, lundi, à la salle de Première instance I de la Cour pénale internationale. Durant cinq jours, arguments et contre-arguments s’entremêleront et s’entrechoqueront. Le face-à-face Défense-Accusation sera arbitré par le juge-président, l’italien  Cuno Tarfusser et ses deux assistants. Pour décider, soit d’un non-lieu total ou partiel, soit de la poursuite du procès. Nous ne nous connaissons pas des compétences en science des cauris pour prophétiser l’issue du procès. Même si nous comprenons les partisans des prévenus lorsqu’ils se laissent aller à la méthode de Coué. Cette prophétie auto-réalisatrice, ici,  se nourrit de la vacuité des preuves devant les crimes allégués. D’autant que les 82 témoins, 138 au départ, preuve que des dizaines parmi eux ont du jeter l’éponge, se sont pour la majorité érigés en défenseur de Gbagbo, si certains ne sont pas allés jusqu’à l’idolâtrer. Confortant du coup la défense dans ses thèses d’un procès politique. Tant les interférences de puissances qui avaient déclaré la fatwa contre Gbagbo donnent froid dans le dos. Les preuves documentées dans ce sens par des medias « sérieux » sont parlantes. Pour sa part, le Conseiller de Laurent Gbagbo, Bernard Houdin, révélait la semaine dernière ceci à un journal français : «   La fuite des mails de l’ancien procureur de la CPI, Luis-Moreno Ocampo, a révélé un montage entre la diplomatie française, Ouattara et la CPI pour transférer Gbagbo à La Haye. Certains courriels n’ont pas encore été publiés, mais j’ai pu me les procurer. Ils seront un jour mis sur la table. D’après ces documents, il apparait très clairement que les Français et Ocampo ont cherché jusqu’au dernier moment une solution pour contourner le problème du statut de Rome que la Côte d’Ivoire n’avait pas signé. Cinq jours avant la chute de Gbagbo, le 6 avril 2011, l’ambassadeur de la France aux Nations unies écrivait encore à ses collègues du Quai d’Orsay et à Luis-Moreno Ocampo. Il leur expliquait que la solution ne pourrait pas venir du Conseil de sécurité de l’ONU. Certains de ses confrères y étaient réticents, notamment le représentant de l’Inde. L’ambassadeur français le décrit d’ailleurs comme hystérique sur le sujet : pas question que le Conseil de sécurité envoie devant la CPI un dirigeant qui n’a pas signé le statut de Rome. Rappelons que l’Inde elle-même n’a pas signé ce statut ». Cela édifie Nicolas sur les manigances de Sarkozy, ayant éméché les sycophantes de la presse pour lancer les rotatives du mensonge contre Gbagbo. Histoire d’accréditer sa thèse absconse, sortie de la stratosphère, tendant à présenter Gbagbo comme un dictateur (sacrilège, comparé à son successeur) qui refuse le verdict des urnes. Dès lors, cette semaine d’audiences interroge. Et incline à croire modérément à un non-lieu dans le procès Gbagbo. D’abord, parce que l’accusation n’a pu  implémenter son argumentaire  concernant le fameux « plan commun », pour en établir un lien avec Gbagbo. Ensuite, ce sont les juges, eux-mêmes, qui ont demandé à la défense de Gbagbo de plaider le non-lieu, donc l’acquittement. Chose inédite dans ce genre de procès, si ce n’est que la coupe de « l’ennui »  est pleine. Le juridisme pur ne semble pas plaider en faveur de l’accusation,  avec sa bassine de ouï-dire et autres coupures de presse, sorties tout droit des labos à triche du Rdr. Par ailleurs, les récentes violentes charges des Etats-Unis contre la Cpi, d’abord par John Bolton, Conseiller à la sécurité nationale, qui a même dit la messe de requiem de la Cpi, ensuite par Trump himself, à la tribune de l’Onu, apparaissent comme le feu vert aux juges pour prononcer le non-lieu. Bien entendu, Fatou Bensouda jouera son va-tout pour empêcher une telle issue qui, pour sûr, sonnera l’hallali de la Cpi, et de sa propre carrière de procureure. Au plan national, la libération de Gbagbo ne devrait provoquer aucun séisme politique. En 7 ans de gouvernance, Ouattara s’est montré incapable de réconcilier les Ivoiriens. Par sa gestion approximative des deniers publics et sa politique de taxation sangsue, il les a plutôt plongés dans une « pauvreté inquiétante », aveu de la Banque mondiale. Les troubles qui sont redoutés par la France et l’Union européenne devraient rester au stade de simples inquiétudes, car non seulement les principaux partis politiques ivoiriens et la société civile n’y accordent pas beaucoup de crédit, mais surtout l’exemple de Simone Gbagbo, désormais icône de la paix et de la réconciliation, est, s’il en était besoin, un gage. Le président français, Emmanuel Macron gagnerait donc à restaurer la réputation de la France, fille de la démocratie et des Droits de l’Homme, que Nicolas Sarkozy a souillée par ses méthodes brutales, dignes de Cow-boy de Western, en s’impliquant dans la libération de Gbagbo. Car, l’ex-numéro 1 ivoirien se trouve à la Cpi, uniquement par la seule volonté de Sarkozy. Non pas véritablement pour les intérêts de la France, puisque Laurent Gbagbo reste, après Houphouët, le plus francophile des Présidents ivoiriens, Bouygues, Total et autre Bolloré peuvent en témoigner, mais pour son amitié avec Ouattara. Aux antipodes des enseignements de De Gaulle qui estime qu’  « un pays n’a pas d’amis, mais des intérêts à défendre ». Décréter la semaine du 1er au 5 octobre 2018, « semaine du non-lieu » est quelque chose de raisonnable, eu égard à l’analyse des faits servie plus haut. Au demeurant, Koné Katinan, porte-parole de Gbagbo, Don Mello, ex-porte-parole du gouvernement Aké N’Gbo, qui rentre fraîchement de la Cpi et Michel Gbagbo, le fils qui séjourne actuellement à La Haye et même son parti en Côte d’ivoire et ailleurs, au Ghana, doivent s’approprier cette semaine pour faire entendre leur voix. Pour décréter solennellement cette semaine « semaine du non-lieu ». Avec toutes les manifestations qui vont avec. Et réclamer la libération de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Hic et nunc. Ici et maintenant.

tbt552@yahoo.fr         

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