Avec ou sans eux…





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Des pays majoritairement anglophones ont cru devoir pondre un communiqué pour désavouer le Président Ouattara quant à son annonce de création de la monnaie unique de la Cedeao à partir de cette année 2020. Les ministres de l’Economie et des Finances du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée, dans un texte à la limite de l’irrévérence, ont dénoncé la décision « unilatérale » du président ivoirien de remplacer le CFA par l’ECO.

Ces pays, du reste, non membres de la communauté qui utilise le Franc CFA cachent mal leur dessein inavoué. En réalité, la majorité d’entre eux ne respectent pas les critères de convergence dont le plus important reste le déficit budgétaire qui ne devrait pas excéder 3%.

Face à la presse nationale cette semaine, le Président Ouattara a été, on ne peut plus clair. La communauté monétaire ouest-africaine ne se fera pas à n’importe quel prix. Il ne sera permis à aucun pays largement déficitaire sur le plan budgétaire de venir plomber l’économie des autres. Seuls les pays aptes et qui respectent toutes les conditions économiques et non amicales ou fraternelles démarrent le processus. Comme les anglophones ont coutume de le dire : « No pity in business ». Or, un regard sur les économies des pays signataires du texte au vitriol contre la Côte d’Ivoire montre un large déficit et une inflation problématique.  Par exemple, le déficit budgétaire de la Guinée en 2020 est de 5.000 milliards de franc guinéen, soit 524 millions de dollars représentant 3,49% du PIB. Un autre exemple édifiant est celui du Ghana voisin. Son déficit actuel est 3,9% de son PIB. A la fin de juillet 2019, l’encours de la dette du Ghana avait atteint 59,4% du PIB (soit 205,6 milliards de cedis). En termes de comparaison, la Côte d’Ivoire a aujourd’hui un déficit budgétaire de 2% et un taux d’endettement de 48% du PIB.

Ces pays ont donc un problème avec eux-mêmes et non avec le Président Ouattara dont les compétences et l’expertise en matière de monnaie ne sont plus à démontrer.  Sinon, au lieu de perdre le temps à critiquer l’immense travail abattu par Ouattara et ses pairs de l’espace CFA, ils auraient pu se regrouper et créer une monnaie commune plus viable que l’ECO. Ils auraient ainsi montré l’exemple et démontré leur bonne foi. Que non. Chacun de ces pays dispose de sa monnaie. Celles de la Guinée, de la Gambie ou de la Sierra Leone ne sont recherchées nulle part. Ces monnaies sont si faibles que leurs ressortissants n’en veulent presque pas. Les déficits et déséquilibres sont tels que leurs ressortissants éprouvent toutes les difficultés pour avoir des devises en contrepartie.

Le non-dit de la démarche de ces pays est la continuation de la guerre de positionnement que le Nigéria mène face à la Côte d’Ivoire. Malgré ses nombreux milliards de dollars engrangés grâce à la vente de son pétrole, le Nigeria est aujourd’hui engagé dans une grande bataille de leadership face à la Côte d’Ivoire. Rien qu’à voir la bataille de ce pays pour que le parlement de la Cedeao soit construit à Abuja et non à Abidjan, on comprend que les motivations du Nigéria sont ailleurs. Le plus ahurissant, ce sont les pays qui se laissent embarquer dans ce combat qui n’est pas le leur parce qu’ils ont tout à gagner dans l’ECO. Mais Ouattara a prévenu, avec ou sans eux, la nouvelle monnaie sera mise en route.

 MT

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