La campagne de la présidentielle de 2020 s’annonce très animée. Le débat de fond tant réclamé par les partisans du pouvoir sortant est déjà ouvert.
La croissance économique en Côte d’Ivoire a-t-elle sorti un grand nombre d’Ivoiriens de la pauvreté ? Le niveau de vie, l’accès aux soins de santé, à l’éducation, se sont-ils réellement améliorés durant les 9 dernières années ?
Ces questions cruciales seront au cœur de la campagne de l’élection présidentielle de 2020. Tout comme le sera celle de la dette publique. Quel est le niveau réel d’endettement de l’Etat ivoirien ? Si le pouvoir est presque muet sur ce sujet, l’opposition s’en préoccupe depuis des années.
Selon Henri Konan Bédié, « ramené à 2214 milliards de FCfa en 2012 après une réduction d’environ 4090 milliards FCfa à fin 2012, le stock de cette dette, s’élève à fin décembre 2018 à 11 607,77 milliards de francs CFA, soit un accroissement de plus de 5 fois du stock de 2012 ! ». Henri Konan Bédié, qui s’exprimait jeudi devant le Bureau politique de son parti, a surtout affirmé qu’au titre de l’exercice budgétaire 2020, « le gouvernement dans l’incapacité de mobiliser des recettes fiscales conséquentes, a adopté un budget déficitaire de l’ordre de 1428 milliards de FCfa, qu’il vient de soumettre aux parlementaires ». Un déficit en perspective dû également aux difficultés de plus en plus réelles à mobiliser des ressources extérieures, à cause du trop-plein de dette extérieure.
Cette thèse du surendettement est soutenue par d’autres figures de l’opposition, en l’occurrence Koulibaly Mamadou. Cet économiste au verbe très tranchant n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans une tribune publiée sur sa page Facebook en août dernier, il se veut plus précis aussi bien dans les chiffres que sur les causes de cette course à l’endettement. « Quand Ouattara arrivait au pouvoir, le stock de la dette, qui était de 6.373,9 milliards F Cfa, a été réduit par le programme Ppte, à 2.283,9 milliards F Cfa en 2012, avec un produit intérieur brut (Pib) courant de 13.804 milliards F. Cfa.
En fin 2018, cette dette est à 11.607,77 milliards FCfa et le Pib à 23.899,78 milliards Cfa. Le taux de croissance annuel moyen du Pib est de 9,7%, tandis qu’il est de 31,12% pour ce qui concerne la dette. Ils (les dirigeants, Ndlr) endettent l’Etat pour mieux détourner et surfacturer. La dette roule plus vite que le Pib. Au moment de rembourser, il faut alors de nouvelles dettes pour servir les anciennes. Un cercle vicieux », prévient le candidat de Lider.
Guillaume Soro n’est pas en reste. « J’ai un programme qui rejette l’ultralibéralisme et l’endettement exponentiel », a averti samedi 9 novembre depuis Londres, le leader de Générations et Peuples solidaires (GPS).
Dans cette quasi précampagne présidentielle, le débat de fond est donc déjà lancé. Parmi les thèmes majeurs, il y a celui de la réconciliation. Un chantier où Alassane Ouattara a échoué.
Jusque-là, la rhétorique du Rhdp consiste à faire croire à l’opinion que l’opposition reste dans des querelles de personnes sans aborder les sujets d’intérêt national. N’est-ce pas le pouvoir lui-même qui trie ses réponses et fuit les vraies questions ?
Cissé Sindou