Dans une interview accordée à France 24, Traoré Salif dit A’Salfo dévoile les objectifs et les grands axes de l’UE-Magic Tour dont la première grande étape démarre ce mardi 15 octobre 2019 par la ville de Bouaflé. Cette caravane qui sillonnera au total 17 villes du pays et qui prendra fin le 16 novembre 2019 à Yopougon, le lead vocal de Magic System explique que les grands enjeux restent la cohésion sociale, la paix, la démocratie, les questions du genre, l’éducation et l’environnement.
Cette tournée soutenue par l’Union Européenne est très politique. Il s’agit de faire la promotion de l’UE et de la paix en Côte d’Ivoire ?
Oui, cette tournée est politique. Mais, elle est beaucoup plus sociale. Et, elle est surtout destinée aux populations. Parce que nous sommes dans un monde où on croit que la musique c’est juste pour distraire et faire danser les gens. Or à travers la musique, nous pouvons faire beaucoup de choses. Donc, nous avons voulu nous servir de canal pour parler à nos populations. Et avec l’Union européenne, nous voulons parler de valeurs communes. D’autres diront qu’est-ce qu’on peut avoir de commun avec l’Europe, l’Education, l’Environnement, la Cohésion, la Paix…? Ce sont des thèmes que nous allons aborder avec ces populations que nous allons rencontrer.
Parlant de paix en particulier, est-ce que vous êtes inquiet pour les élections de 2020 en Côte d’Ivoire ?
Non. Je ne suis pas inquiet. Moi, je crois que nous avons une population qui a pris conscience, qui connait les faits et causes d’une guerre. Nous avons vécu cela en 2010. Et, je crois qu’aujourd’hui aucun ivoirien ne souhaite que nous revivions le scénario de 2010. C’est vraiment prévenir. J’ai demandé aux politiciens lors d’un discours d’apaiser un peu leurs discours. Cela parce qu’aujourd’hui, on a eu quand même des discours qui incitaient à la haine ou à la violence. Or, l’apaisement doit venir de leur côté. Le peuple attend d’eux plus que ça. Le peuple attend d’eux des programmes. Le peuple attend que les gouvernances s’occupent de leurs problèmes. Le peuple n’attend pas qu’on lui rappelle que ça va être chaud devant. Que les élections seront du feu. Ce sont des choses qui ne rassurent pas. C’est d’ailleurs pourquoi, cette tournée vient à point nommé. Cela parce que nous allons profiter aussi de cette tournée pour passer des messages de cohésion sociale.
Il y aura aussi un volet musical pour cette UE-Magic Tour. Quelle est la programmation de cette tournée ?
C’est le groupe Magic System et 30 artistes. Je n’ai pas voulu mettre l’accent sur la musique. Car le but de cette tournée n’est pas d’aller donner des concerts. Le but de cette tournée est de démontrer que les artistes peuvent descendre des scènes et parler avec les populations. Nous rassemblons là où le politicien divise. Donc, c’est une chance pour nous de pouvoir parler à ces populations. Mais, nous nous sommes dit aussi qu’elles vont attendre de nous que nous fassions ce que nous savons faire le mieux : c’est la musique. Donc, nous allons donner des concerts. Et à travers ces concerts, nous allons toujours continuer à passer des messages. Donc, c’est le groupe Magic System, l’Union Européenne dans le bus avec une trentaine d’artistes. Le Bus va faire le tour de la Côte d’Ivoire. Et à chaque étape, nous allons descendre, parler et échanger avec les populations. Enfin, nous allons chanter pour ces populations.
Quelle est la date retenue pour la première étape de cette tournée ?
La première étape, c’est à Bouaflé. Nous allons démarrer dès ce mardi. Après Bouaflé, ce sera au tour des populations de Bonon, Daloa, Man, Bangolo, Touba, Odienné, Korhogo, Béoumi, Sakassou, Bouaké, Tanda, Abengourou, Abidjan…C’est 17 villes du pays qui recevront ainsi le Bus UE-Magic Tour. Et ensemble, nous allons parler de valeurs.
Est-ce qu’une telle tournée est envisageable sans l’appui de l’Union Européenne ?
Ce n’est pas possible. C’est beaucoup d’argent. Quand vous mettez une centaine de personnes sur les routes. Quand on prend toutes les infrastructures qui doivent accompagner cette tournée, c’est beaucoup d’argent. Mais, l’Union Européenne n’a pas lésiné sur les moyens. Et, ce n’est rien à côté de ce que cette tournée va apporter aux populations. Pour nous, on ne parle pas d’argent. On parle plutôt de cette volonté des artistes de Côte d’Ivoire qui ont envie, à leur manière, de participer à la cohésion sociale.
Solange ARALAMON